En dix jours, deux cartons rouges ont été infligés par des arbitres en raison de la présence de sang sur l’adversaire. Encore une règle franco-française ?
Le 12 décembre dernier à Lens, Mamadou Bagayoko s’était fait expulser pour un jeu dangereux sur Nenad Kovacevic. Désireux de toute évidence de jouer le ballon, l’attaquant niçois avait levé trop haut son pied et touché à la tête le milieu de terrain lensois. Tony Chapron avait sifflé un coup-franc, avant de constater le saignement du joueur serbe et d’infliger un carton rouge au Malien. Après le match, l’arbitre avait au moins eu le mérite de reconnaitre que le sang lui était monté à la tête, et que le rouge n’était pas mérité sur l’action. Conséquence indirecte, Bagayoko s’est fait suspendre un mois, mais plus en raison de son attitude contestataire après le carton que pour le geste en lui-même.
Ce mercredi, Rennes a joué à 10 pendant 80 minutes pour bien moins que ça. Gyan, à la lutte pour un ballon de la tête, a vu Damien Perquis être battu sur le coup et donner un coup de tête à l’aveugle, sur le coude du Ghanéen. L’arbitre semblait vouloir laisser l’action se poursuivre, avant de siffler un coup-franc contre le Rennais, voyant la tête du défenseur sochalien ensanglantée. Après plusieurs secondes de réflexion, M. Falcone en venait à la même conclusion : rouge.
Il y a fort à parier que, dans ces deux cas, sans la présence du sang, un simple coup-franc aurait été accordé, comme l’assure Frédéric Antonetti. « L'expulsion de Gyan est très sévère, puisque ce n'est pas le coude qui va à Perquis, mais Perquis qui va au coude. Je sais qu'il a saigné, mais bon. Si on se dit que quand les joueurs saignent ça signifie rouge, c’est n’importe quoi », a balancé l’entraineur rennais.
Cette attitude des arbitres pose question sur les changements dans les lois du jeu qui sont appliqués depuis quelques saisons, mais seulement en France. Certaines consignes arbitrales sont ainsi délivrées à chaque début de saison, dans un mépris total des vraies règles du jeu, immuables et fixées à chaque réunion de l’International Board. Ainsi, la règle « franco-française » des pénaltys sifflés dès qu’un ballon approche d’une main, alors que le règlement n’a pas changé à ce sujet, fait se demander si ce n’est surtout pas une manière déguisée de faire augmenter le nombre de buts en Ligue 1. La saison dernière, les arbitres devaient prendre en compte la gravité d’une blessure sur une faute pour éventuellement transformer un carton jaune en rouge, ce qui n’est pas non plus une loi du football (une rupture des ligaments du genou peut intervenir sur une bousculade, un attentat par derrière peut ne blesser personne…).
Des libertés qui dérangent forcément à l’heure où l’arbitrage se pose lui-même suffisamment de problèmes dans la non-sanction du jeu dur. Et le pire dans cette affaire, c’est que lorsqu’il y a une consigne de début de saison, comme il y a deux ans, qui est enfin en adéquation avec le règlement FIFA - celle sur la sanction des tirages de maillot dans les surfaces pendant les coups de pied arrêtés - celle-ci est appliquée pendant deux mois avant de tomber à l’eau et de permettre aux joueurs de faire du catch dans les surfaces sous les yeux de l’arbitre…
Gaël Anger