Derrien ‍: « ‍L’image de l’arbitrage français n’est pas bonne ‍»

Derrien : « L’image de l’arbitrage français n’est pas bonne »

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Dans un entretien avec Foot01, Bruno Derrien évoque la situation de l'arbitrage français et ne ménage évidemment pas les instances actuelles.

La sortie cette année de son livre « À bas l’arbitre » avait provoqué quelques remous dans le petit monde des arbitres, au point de devoir se défendre devant le tribunal après une attaque en diffamation. Bruno Derrien, c’est de lui qu’il s’agit a obtenu la semaine gain de cause en voyant Marc Batta, le patron des arbitres français, être débouté de sa demande. L’occasion pour Foot01.com d’évoquer avec celui qui fut l’un des grands arbitres français l’actualité du sifflet hexagonal sans langue de bois. P



Cette saison, les arbitres viennent souvent reconnaître leurs fautes, trouvez-vous cela bien ?

Oui et non. La grandeur d’un arbitre c’est aussi de savoir reconnaître son erreur, ces actes de contrition publique chaque samedi peuvent retirer du crédit. Ça peut les fragiliser pour les matches qui suivent. Fermer la porte à tout le monde en disant « circulez y’a rien à voir», je suis l’arbitre et par définition j’ai raison, je ne suis pas d’accord non plus. Mais bon, demandez pardon tous les samedis sur Canal +, je ne suis vraiment pas pour. La Direction Nationale de l’Arbitrage a demandé aux arbitres de venir s’expliquer, c’est bien, mais bon la DNA ne devrait-elle pas plutôt donner les moyens aux arbitres afin qu’il y ait moins d’erreurs ? Dans ma carrière j’ai fait des erreurs, le fameux Bordeaux-Lyon notamment, on ne peut pas nier les évidences, mais bon de là à dire «pardon» à chaque fois...



Les arbitres français étaient absents de l’Euro 2008 et sont à l’écart des finales européennes depuis de nombreuses années, la France est-elle tellement en retard sur ce plan ?

La France est un pays paradoxal puisque nous avons un arbitre de Ligue 2, Bertrand Layec, qui est aussi en Ligue des Champions ! Monsieur Batta a au moins réussi cela, c’est très fort. Nous sommes le seul pays européen dans cette situation. Mais cela veut dire quoi ? Que nos arbitres de Ligue 1 ne sont pas bons ?  Depuis 2001, et Gilles Veissière, il n’y a pas eu un arbitre français dans une finale européenne. Il faut remonter à 1986 et Michel Vautrot et voir un de nos arbitres en finale de la Ligue des Champions. L’an passé alors que nous n’avions plus aucun club qualifié après les huitièmes de finale, nous n’avons eu aucun représentant. C’était une voie royale pour les arbitres de notre pays et ça veut donc dire que nous n’avons aucun d’entre-eux dans les huit meilleurs européens. L’arbitre allemand a lui fait trois matches...Il y a un vrai problème, et notamment le poids de notre pays dans les instances arbitrales

 

Quelle image ont les arbitres français chez nos voisins ?

L’image de l’arbitrage français à l’étranger n’est pas bonne. Michel Vautrot le dit très souvent. Vous pensez que cet été avec le boycott de la signature des feuilles de match ou du port des logos de la LFP, qui donne plus de 10ME à l’arbitrage, on a donné une bonne image ? Tout cela pour des querelles d’hommes qu’il faudra bien régler (...) On est en plein délire avec en plus aucune autorité des instances fédérales dans ce dossier qui a laissé faire. À l’étranger cela ne passe pas. Pourtant, il y a de jeunes arbitres de qualité qui arrivent et qui progressent encore, c’est une bonne nouvelle.


Que doit-on faire si nous n’avons pas de représentant au Mondial 2010, deux ans après le zéro pointé de l’Euro 2008 ?

Si c’est le cas, cela va rendre encore plus compliqué la tâche de nos arbitres car chaque week-end à la moindre erreur les terrains de Ligue 1 on va leur dire, vous êtes nuls et c’est pour cela qu’on ne vous retient pas pour les grands matches internationaux. C’est pour cela qu’il faut donner des objectifs au patron des arbitres. Domenech avait mission de qualifier les Bleus pour le Mondial, Monsieur Batta doit en avoir afin que nos arbitres soient présents lors des grands rendez-vous. Il a des moyens (...) A ce niveau de statut, on doit avoir des résultats. On donne du temps, des moyens mais après on regarde le résultat et si ça n’a pas marché, alors merci et au revoir.

 

 

NDLR : Cette interview a été réalisée avant la dernière journée de Ligue 1.