Après les graves incidents intervenus samedi à Marseille, le patron de la Direction Nationale de la Lutte contre le Hooliganisme a stupéfait tout le monde en affirmant que cela n'était pas « un constat d’échec ». Déjà taillé sur internet, Antoine Boutonnet a droit ce lundi à une attaque en règle de la part de Sébastien Louis, historien et chercheur spécialisé dans l'étude des hooligans, qui était présent lors des violences commises à Marseille. Dans Le Monde, outre un récit très précis sur l'organisation des hooligans russes, Sébastien Louis accuse la DNLH d'avoir préparé de manière totalement pathétique l'Euro 2016.
« Les autorités se sont concentrées sur les risques terroristes, pas sur la gestion des hooligans. J’ai vu une police apeurée, fatiguée, qui avait besoin d’une hiérarchie compétente ; ce qui n’a pas été le cas. Les tactiques policières pour lutter contre ces hooligans sont dépassées (…) Cette situation est aussi le fruit d’une absence de stratégie de la part de la DNLH (Direction nationale de lutte contre le hooliganisme) et de l’amalgame qui est fait entre supporteurs, ultras et hooligans. Les interdictions de stade se sont multipliées – 218 cette année liées notamment à l’état d’urgence –, mais nous avons toujours été dans une politique répressive. Dire que ces incidents sont uniquement le fruit de la consommation d’alcool est une erreur. Il faut se confronter aux supporteurs, dialoguer avec eux, se former dans les conditions les plus difficiles. C’est bien beau de faire des répétitions avec les étudiants, mais quand on se retrouve face à des hooligans russes pratiquant le MMA, c’est autre chose », fait remarquer cet éminent spécialiste du hooliganisme. Un constat que de nombreuses associations de supporters des clubs de Ligue 1 avaient fait depuis plusieurs mois, sans que personne ne les écoute.