John Textor a multiplié les opérations pendant le mercato. L'OL en est-il est vraiment gagnant, et surtout quel avenir pour le club rhodanien alors que l'Américain rêve de racheter Everton ?
En dépit du fait qu’il possède plusieurs clubs disséminés dans le monde, John Textor est tout de même très présent à Lyon. Il assiste régulièrement à des matchs, et interfère directement sur le mercato au point de faire venir des recrues de manière indépendante, comme ce fut le cas avec la signature de Wilfried Zaha. Il n’hésite pas non plus à trancher de manière assez impitoyable quand un entraineur doit sauter, ou même un directeur sportif puisqu’il se murmure que David Friio, jugé coupable d’avoir fait un mercato bancal, ne vas pas garder son poste plus de quelques semaines.
Une stratégie discutable
John Textor ne manque en tout cas pas d’ambition et d’appétit, même si ses méthodes laissent à désirer. A Lyon, il s’est montré généreux au niveau du mercato avec des acquisitions spectaculaires, et pas toujours logiques sur le plan du montant dépensé. L’argent, il l’a pour le moment eu en vendant les bijoux de famille comme l’OL Arena et OL Reign, la franchise de football féminin aux USA. Pas forcément un très bon calcul selon Luc Arrondel, économiste du sport. « Je me demande si c’était vraiment une bonne solution de vendre l’OL féminin. Ça représentait un coût, certes, mais pas si énorme par rapport à l’image de marque retirée. Quant à OL Reign, ça a été bien vendu par rapport au prix d’achat (achat 3,1 ME, revendu 53 ME) , mais alors que se profile la Coupe du Monde 2026 aux États-Unis et les Jeux Olympiques 2028 à Los Angeles, où le foot féminin compte beaucoup, était-ce le bon calcul ? Il y a énormément d’investissements vers le football en Amérique du Nord, au point de rattraper la L1 française… », a souligné le spécialiste dans les colonnes du Progrès.
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Mais c’est surtout le fait qu’il se positionne pour racheter Everton qui peut inquiéter les supporters de l’OL. Le risque, puisque l’attrait est tel pour la Premier League et ses revenus colossaux, est de voir l’équipe lyonnaise passer au second plan. « On a aujourd’hui 100 galaxies de club et 100 clubs de D1 européenne concernés par la multipropriété. John Textor fait-il un peu comme Jim Radcliffe (Ineos), qui a acheté des actions à Manchester United quand il a pu, après s’être d’abord concentré sur Nice ? La Premier League est tellement attractive, que ce n’est pas surprenant de voir cet intérêt d’Eagle. Le risque pour Lyon, c’est effectivement de devenir le club satellite, comme Strasbourg l’est pour Chelsea aujourd’hui. Cela peut profiter quand même au club-satellite, mais pas toujours. John Textor doit d’abord revendre ses parts à Crystal Palace, donc on n’en est pas encore là. Et pour un club comme l’OL valorisé à plus de 800 M€, on va peut-être vite en besogne. Mais Everton est valorisé à un milliard d’euros par Forbes. Quand on voit qu’un joueur comme Almada va d’abord à Botafogo avant de venir avec Lyon , quand on voit les arrangements avec Molenbeek ou les prix surprenants versés pour les joueurs transférés de Nottingham (Mangala et Niakhaté), il y a des questions en suspens sur la manière dont il gère sa galaxie de clubs », souligne Luc Arrondel, chercheur au CNRS et pas très rassuré par la façon dont John Textor gère l’OL depuis son arrivée.