Le milieu du football draine énormément d'argent et le milieu tout court l'a bien compris. Ce mercredi, dans un article de deux pages, le quotidien Le Monde relate par le détail la tentative d'extorsion de fonds dont Jean-Pierre Bernès, l'ancien bras droit de Bernard Tapie à l'OM et actuel agent français numéro 1, a récemment fait l'objet. Une affaire qui vaudra dans quelques mois à quelques figures marseillaises un passage devant la justice. L'affaire n'est pas simple à résumer, puisqu'elle part en fait de la condamnation consécutive à la premier affaire des transferts frauduleux à l'OM à la fin des années 90. Un dossier qui avait valu à Jean-Pierre Bernès et une dizaine d'autres salariés du club, mais pas Bernard Tapie, de devoir régler une amende totale de 15,2ME. Bernès refuse, depuis, de payer la totalité de ce qu'il doit, estimant que l'administrateur judiciaire au moment des faits avait volontairement oublié de citer Bernard Tapie dans ce dossier, collant ainsi tout sur le dos d'autres personnes.
Le temps ayant passé, un nouvel administrateur, Me Michel Gillibert est en charge de récupérer la somme due. Comme l'autorise la procédure, les avocats des deux camps ont négocié, mais les propositions de remboursement de Jean-Pierre Bernès ont toutes été refusées. Et c'est là que l'on pénètre dans une histoire assez incroyable. Selon Le Monde, Me Michel Gillibert, actuellement emprisonné dans ce dossier, a fait entrer dans la danse des figures du milieu marseillais, les mettant en charge de faire cracher au bassinet Jean-Pierre Bernès, désormais agent de nombreuses stars françaises du foot et de plusieurs entraîneurs. En décembre 2014, un premier rendez-vous est organisé entre Bernès et les caïds, mais l'agent refuse fermement le deal proposé, à savoir un million d'euros en espèces contre l'annulation de l'amende. Quelques autres rencontres se déroulent, et selon le quotidien, Jean-Pierre Bernès est de plus en plus effrayé, ayant en face de lui des hommes capables de tout, y compris du pire.
Mais après un ultime rendez-vous, et devant le refus de l'agent de payer ce qu'il veut, Me Michel Gillibert met un terme aux négociations parallèles et relance judiciairement et totalement officiellement les poursuites contre Jean-Pierre Bernès comme si de rien n'était. Mais un petit détail a échappé à l'administrateur judiciaire, c'est que depuis le début, la totalité des protagonistes de ce dossier est sous-écoute de la police, qui enquêtait sur un autre dossier et que l'ensemble des lieux de rendez-vous était sonorisé, permettant aux autorités de suivre cette histoire de très près. Résultat, en octobre dernier, six personnes, dont Gillibert, sont placées en garde à vue, et trois d'entre eux sont toujours en prison actuellement après avoir reconnu une partie des faits. De son côté, Jean-Pierre Bernès est toujours redevable de 15,2ME, mais avec ce nouvel épisode, nul doute que ses avocats vont pouvoir revenir aux racines de cette histoire incroyable et souligner l'acharnement contre leur client.