Chacun pense ce qu'il veut du geste Paul Pogba et de son traitement médiatique. Dans Le Monde, Pape Diouf revient lui sur la décision assumée par BeInSports de ne pas diffuser les images du joueur français faisant un bras d'honneur lors du match France-Albanie. Il ne s'agit pas pour l'ancien président de l'Olympique de Marseille de juger l'attitude de Paul Pogba, mais de se pencher sur le cas de la chaîne sportive. Et Pape Diouf n'est pas tendre.
« Pour un organe de presse, être supporteur ne devrait pas exclure le devoir d’informer, l’exigence de vérité, le respect de ceux qui lisent, écoutent ou regardent. Florent Houzot a tort d’ignorer que même s’il est mis au courant de tristes choses, le lecteur-auditeur-téléspectateur se sent plus considéré. Que le geste de Paul Pogba puisse être l’objet d’une discussion ou d’une approche contradictoire, qu’il soit compréhensible ou pas, excusable ou non, est un autre débat. Mais qu’on occulte complètement ce geste, comme s’il n’avait jamais existé pour, nous dit Florent Houzot, faire l’économie « d’une polémique inutile » n’est pas fait pour honorer celui qui s’est rendu coupable d’un tel manquement, en prenant cette décision insensée. Sur Bein Sports, les consultants occupent littéralement l’espace et s’emparent avec gourmandise des micros. Les journalistes se retrouvent dépossédés de leurs attributions (…) Cette chaîne de complaisance, où il convient de ne faire déplaisir à personne, n’a plus que des rapports lointains avec le journalisme que célébrait Albert Londres qui aimait répéter que « l’exercice n’est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Telle doit être la noble mission de tout organe de presse et non de placer l’exigence d’informer sous scellés, selon les circonstances », écrit, dans sa chronique pour le Monde, Pape Diouf. Difficile de ne pas être d'accord avec lui, libre à chacun de faire ensuite ce qu'il veut des images que la chaîne donne.