Ce jeudi 21 décembre, suite à la décision favorable de la Cour de justice de l'Union européenne (CJCE) pour l'approbation de la Super League, le football est à un tournant majeur de son histoire. Toutefois, rien n'est encore fait quant à la création de cette ligue fermée.
La Super League avait perdu la première bataille, la revanche a été un triomphe pour A22, organisation qui est à l'origine de la création de ce projet dantesque. Le nouveau format est en train de se dessiner et pourrait voir le jour à compter de la saison 2025/2026, d'après la presse espagnole. Toutefois, rien n'est encore officiel, l'UEFA et la FIFA sont tout juste en train de modifier leurs compétitions et ne vont probablement pas se laisser faire devant la menace de la Super League. L'Association européenne des clubs (ECA), dont Nasser Al-Khelaïfi en est le président, a réagi suite à ce tremblement de terre et condamne les agissements de la Super League, tout en affirmant que le jugement de la CJCE ne soutient pas et n'approuve pas encore ce projet. « Le football est un contrat social et non un contrat juridique, toutes les parties prenantes reconnues du football européen et mondial, qu'il s'agisse de confédérations, de fédérations, de clubs, de ligues, de joueurs et de supporters, sont plus unies que jamais contre les tentatives de quelques individus cherchant à des agendas personnels visant à saper les fondements mêmes et les principes fondamentaux du football européen » explique l'ECA dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
L'UEFA garde le contrôle et tient la Super League à l'écart
🚨 ECA statement on the European Super League ruling. “The judgement in no way whatsoever supports or endorses any Super League project.” pic.twitter.com/nqDVGohbL4
— Ben Jacobs (@JacobsBen) December 21, 2023
Un détail est important puisque si l'idée d'une création de la Super League devient beaucoup plus crédible, juridiquement, l'UEFA et la FIFA ont encore un contrôle presque total. En effet, si UEFA met en œuvre des critères réglementaires objectifs, transparents, non-discriminatoires et proportionnés, les clubs et les joueurs devront toujours obtenir son accord pour jouer dans une éventuelle Super League, sous peine d'une exclusion. L'instance qui gère le football européen doit donc probablement changer son modèle économique et juridique pour garder le monopole du football. Concrètement, cette décision de la CJCE ne signe pas l'avènement de la Super League mais bien un changement majeur pour l'UEFA qui va devoir s'accorder avec le droit européen pour éviter de perdre son contrôle sur le football.
La Super League est également un projet qui se veut fermé et exclusif, avec surtout plus de revenus pour une poignée de clubs, comme le Real Madrid et le FC Barcelone, les deux équipes qui portent le projet. Un point qui laisse entendre que la volonté de la Super League de générer toujours plus d'argent est pire que celle de l'UEFA et la FIFA, qui doivent désormais s'assurer que leurs règlements sont rédigés en accord avec le droit européen. C'est ce qu'explique clairement l'avocat en droit du sport Pierre Barthélémy. « Ce n'est pas l'avènement de la Super League. Ce n'est pas la fin du monopole UEFA et FIFA. C'est une obligation pour l'UEFA et la FIFA de s'assurer que leurs règlements sont ainsi rédigés qu'ils leurs permettent d'exploiter ce monopole. Par ailleurs, si UEFA et FIFA sont très critiquables et continuent de dévoyer ce sport dans une pure logique économique, la Super League, c'est dix fois pire. C'est la destruction des championnats. C'est la dernière étape vers une Ligue fermée d'une poignée de clubs ultrariches », expliqué le spécialiste de la question, histoire de souligner que cette nouvelle ligue resterait un outil pour générer plus d'argent et pas grand chose d'autre.