Un an après le début de la Coupe du monde, le Qatar a-t-il changé de visage ? Le média américain ESPN s'est longuement penché sur la question, que ce soit au niveau des droits des travailleurs, du tourisme ou du football.
Il y a un an débutait la Coupe du monde 2022 au Qatar, dans une compétition dont l’organisation a été très décriée, notamment en Europe, que ce soit dans les conditions d’attribution, les nombreux décès lors de la construction des stades, ou le fait qu’il soit attribué à un pays où le football est secondaire et n’a aucun espoir de développement. Le tournoi s’est néanmoins déroulé dans une bonne ambiance, et malgré quelques couacs au niveau de la billetterie, l’organisation a été jugée plutôt réussie et le climat correct pour y voir du football de haut niveau. Un an après, le média américain ESPN est retourné au Qatar pour aller voir ce qui avait changé depuis l’organisation de ce tournoi mondial, et les résultats de cette enquête laissent tout de même perplexe.
Des droits humains qui n'ont guère évolué
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Sur le plan humain, des lois ont été changées depuis 2017 et les premières plaintes d’organisations internationales sur le traitement de travailleurs, à qui les passeports étaient confisqués, sans salaire minimum et sans protection face aux conditions de travail et notamment la chaleur. Si certaines lois sont appliqués, notamment le fait de ne plus travailler sous des chaleurs extrêmes, la « kafala » qui permet aux patrons de conserver les passeports de leurs employés et donc de les empêcher de rentrer au pays ou de changer de travail, est normalement abolie, mais reste pratiquée selon les organisations internationales. Il en va de même pour le salaire, dont le montant minimal ne serait respecté que dans 50 % des compagnies. La FIFA avait poussé pour qu’un centre de travailleurs migrants voit le jour à Doha afin d’en faire un lieu sûr où les migrants peuvent avoir un soutien et une aide juridique. Malgré les promesses de la FIFA, le bâtiment n’a jamais été construit. De plus, un nouveau problème se pose, avec le chômage qui grimpe chez les migrants.
Des stades vides mais impeccables
En effet, et cela rejoint un deuxième point, beaucoup de sites de constructions sont à l’arrêt. Le développement prévu après la Coupe du monde, notamment sur le plan touristique, s’écroule totalement. A Lusail, lieu de la finale dans la banlieue lointaine de Doha, la claque est énorme. Le stade de cette ville qui a vu le jour en 2005 ne sert plus à rien, et n’a même pas été retenu pour accueillir des matchs du championnat local. Le Qatar, via son office de tourisme, annonce 70 % d’occupation de ses chambres d’hôtel sur ces derniers mois. ESPN assure que la réalité serait plutôt entre 20 et 40 % de chambres d’hôtel réservées, avec des projets de développement au ralenti. Six des neufs stades de la Coupe du monde sont encore utilisés pour le championnat, même si cela sonne creux avec une affluence moyenne de 5000 spectateurs. Et encore, selon le média américain, il faut déduire la moitié d’invités sur de nombreux matchs. Le fameux Stadium 974, fait de 974 conteneurs pour rendre hommage à la cité portuaire, devait être démonté et envoyé en Afrique « dans les semaines » suivant la Coupe du monde selon le Qatar. Un an après, il est toujours sur place, et le pays gazier assure qu’il « n’y pas a d’urgence ». Maintenir ces stades en bon état sans évènement coûte énormément, mais cela n’inquiète pas l’Emirat, qui peut se le permettre et envisage même de construire des musées dans les stades pour faire revivre ce Mondial. Des stades qu’ESPN a pu visiter et qui sont toujours en parfait état, et qui rappellent que le Qatar a été le centre du monde pendant un an, sans que cela révolutionne l’approche humaine ou footballistique sur place.