Le contrat entre la Ligue de Football Professionnel et Mediapro est de plus en plus menacé. Certains dirigeants du foot français ont eu une confiance trop aveugle dans ce dossier.
Depuis quelques jours, on fait profil bas dans le football français à l’exception de Vincent Labrune qui dans une longue interview accordée à L’Equipe s’est expliqué sur la situation actuelle dans le dossier Mediapro. Il y a deux ans, en s’offrant pour une montagne d'or les droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2, Jaume Roures avait fait le bonheur des dirigeants des clubs de l’hexagone. Pour Pierre Rondeau, spécialiste de l’économie du sport, tout ce beau monde avait volontairement fermé les yeux en retenant l’offre de Mediapro, alors que de nombreux signaux annonçaient que le scénario actuel était largement prévisible. Dans SoFoot, l’économiste n’est pas réellement surpris du fiasco et il s’étonne que des grands présidents aient ainsi cru au Père Noël.
« Les dirigeants du football français, Quillot compris, mais aussi Jean-Michel Aulas, très au fait des notions comptables, notamment l’EBITDA, ou Bernard Caïazzo, grand connaisseur des problématiques économiques, n’ont rien vu. Pendant deux ans, les signaux étaient en état d’alerte, l’expérience italienne avait prouvé l’incapacité d’apporter des assurances nécessaires, et la principale agence de notation Moody avait publié un rapport au vitriol concernant Mediapro. Ajouter à cela un business-plan totalement hors sol, avec une chaîne créée ex nihilo, à 25E par mois en moyenne, avec seulement 8 matchs par journée en Ligue 1 et en Ligue 2, alors que la concurrence, comme beIN Sport ou RMC Sport, avec des catalogues plus importants, était plus abordable (...) A date, on va tout droit vers la chute du football français, tout le monde alerte et s’inquiète, certains parlent d’une faillite généralisée, d’une difficulté de paiement et de plans sociaux lourds dans le milieu. Oui, mais qui s’en étonne ? Tout indiquait que cela ne pouvait pas fonctionner : si la Covid-19 n'a qu'un rôle minime dans l’affaire, Mediapro est responsable de la situation, autant que la LFP et les clubs, qui ont fait confiance à un nouvel acteur fragile et incertain », constate Pierre Rondeau, qui craint que tout cela se finisse très mal pour la Ligue 1.