Ni Canal+ ni BeIN Sports n’ont envie de diffuser la première journée de Ligue 1, et les deux sociétés se battent pour éviter d’avoir à montrer les matchs, et donc payer la Ligue avec les énormes échéances qui vont avec.
Ce fameux lot 3 est maudit, puisque les deux chaines estiment que sa valeur n’est plus du tout ajustée à la réalité du marché, comme en témoigne l’appel d’offre remporté par Amazon récemment. Il faut dire que l’addition pour ce lot de deux matchs par journées se monte à 332 ME tout de même, quand l’ensemble des droits grimpait à plus d’un milliard d’euros. Ce n’est plus le cas, et pourtant, la LFP ne veut rien savoir, et a mis BeIN Sports en demeure de bien lui payer la première échéance de 56 ME au début du mois d’août, comme le prévoit le contrat. Canal+ s’est désolidarisé de ce lot qu’elle récupérait en sous-main de la chaine qatarie jusqu’à présent, et BeIN a donc également attaqué juridiquement la validité de cet appel d’offres revu depuis. Un sacré imbroglio qui doit être réglé rapidement, mais en attendant, il va bien falloir que les matchs soient diffusés, et surtout payés.
Pour éviter cela, BeIN Sports, qui est dans le viseur de la Ligue, s’est mis sous la protection du Tribunal de Commerce de Nanterre, pour ne pas être obligé de payer cette première échéance. L’Equipe s’est procuré le courrier envoyé par Yousel al-Obaidly, président de BeIN Sport France et Directeur Générale de BeIN Media Group. Cette lettre informe donc de la mise sous protection et de l’appel à un médiateur pour revoir à la baisse le montant de ce lot, ce qui est en théorie valable si la société n’a pas les moyens de payer ces sommes. Ce n’est bien évidemment pas le cas pour BeIN Sports, mais cela montre à quel point la chaine sportive trouve le contrat inapplicable en l’état. « Nous avons été contraints de prendre des mesures que nous n'aurions normalement pas dû prendre - dans l'unique but de protéger nos intérêts. L'une de ces mesures est l'ouverture d'une procédure de conciliation cette semaine, dont l'objectif est de trouver une solution à l'amiable pour faire face à la crise actuelle, par l'intermédiaire d'un conciliateur connu et compétent - ce qui n'a malheureusement pas pu être obtenu par les parties jusqu'à présent », a fait savoir le dirigeant qatari, qui pourrait ainsi diffuser la première journée de championnat sur ses antennes, sans avoir à payer la première échéance avant cela.
Même si les choses vont vite, et qu’un conciliateur a déjà été nommé en la personne de Hélène Bourbouloux, avec une réunion à prévoir entre les différentes parties, cette stratégie avait été utilisée il y a très peu de temps par Médiapro, qui avait pu diffuser tranquillement la Ligue 1 sur ses antennes sans payer les échéances, avant qu’un accord ne soit trouvé. Une solution qui a visiblement fait ses adeptes, même si les clubs français risquent bien d’y perdre encore des plumes, que ce soit en raison d’un accord à l’amiable, ou d’une décision de justice.