Victime comme de nombreux journalistes de l'affaire Téléfoot-Médiapro, Marina Lorenzo admet sans problème que son licenciement la pousse à une réflexion sur ce qu'est devenu le football professionnel.
Longtemps chargée du football sur Canal+, et après une année passée à couvrir la saison de Moto GP pour le compte du même média, Marina Lorenzo a décidé l’été dernier de se lancer dans la grande aventure de la chaîne Téléfoot. Pendant des semaines, la journaliste a assuré l’émission du midi sur la chaîne du groupe Médiapro, avant que finalement tout s’écroule, le groupe de Jaume Roures ne tenant pas les engagements financiers pris en 2018. Si l’homme d’affaires espagnol a tranquillement quitté la Ligue 1 et le Paysage Audiovisuel Français, ce sont des dizaines de salariés qui sont restés sur le carreau. Et comme Canal+ et BeInSports ne sont pas décidés à recruter à tour de bras, nombreux sont les journalistes à se retrouver sans emploi en ce mois de mars. Parmi eux, Marina Lorenzo qui s’est confiée dans les colonnes de Ouest-France. Si la journaliste ne veut surtout pas faire pleurer dans les chaumières, elle reconnaît que le naufrage de Téléfoot lui a ouvert un peu plus les yeux sur ce que devenait le football business.
Marina Lorenzo, qui avait fini en larmes sa dernière émission il y a un mois, estime que ce fiasco doit aussi alerter les instances du football professionnel français. « Cela se termine dans une brutalité extrême, il y a un sentiment de gâchis, mais je me dis que ce sera peut-être un mal pour un bien. Cela fait des années que tout le monde sent que le foot tourne mal. La bulle n’a jamais cessé de gonfler et elle claque aujourd’hui. Il est temps de retrouver la raison. Espérons que l’histoire de Mediapro aura le mérite de pousser chaque acteur à réfléchir de manière sereine et intelligente sur la réelle valeur du foot français, qui a besoin de se réformer en profondeur. Je ne suis pas dupe, moi aussi j’ai participé à cette bulle en allant chez Mediapro. Aujourd’hui, cela me questionne sur la façon dont je veux poursuivre ce métier. Ai-je envie d’être dépendante de ces droits volatils, qui partent d’une chaîne à une autre ? Je ne suis pas sûr de vouloir continuer à faire partie de ce système. Je suis dans un gros questionnement, éthique, personnel, professionnel. Je suis aussi une passionnée de foot. J’ai envie qu’il redevienne ce qu’il était avant, quand les gens supportaient leur club sans arrière-pensée, sans toute la partie business qui a pris le pas et finit par dégoûter tout le monde », avoue la journaliste, qui doit cependant constater que la machine continue à fonctionner et que l’on n’entend plus vraiment parler d’une réforme de la Ligue 1. Le monde d’après ressemble sacrément au monde d’avant.