Le football français pique sa crise face à la taxe de 75% que le gouvernement va mettre en place pour les entreprises dont certains salariés gagnent plus d’un million d’euros par an. Dans leur combat, les équipes de Ligue 1 peuvent compter sur le soutien de Pierre Ménès, le consultant de Canal + confiant sur son blog ce qu’il pensait de tout cela.
« On a droit en ce moment à une levée de boucliers des présidents de club, assez impopulaire dans l'opinion publique. Eh bien moi je trouve qu'ils ont raison de se plaindre. En revanche, je trouve qu'ils se plaignent mal et que leur discours est inaudible. Quand on parle de taxe à 75%, l'argument du grand public est d'abord d'ordre moral. En mode : "Pourquoi les footballeurs, qui gagnent beaucoup d'argent, ne participeraient pas à l'effort national décidé par le gouvernement ?" On ne peut pas lui donner tort sur le principe. Mais ce n'est évidemment pas aussi simple et en l'espèce, ce n'est pas une question de morale. Il y a beaucoup de choses à dire, malheureusement je ne l'entends pas de la part de nos dirigeants. Premièrement, il ne s'agit pas d'un impôt, mais d'une taxe. C'est un peu comme si j'étais augmenté par Canal+ et que ce soit Canal+ qui paie mes impôts. Du jamais vu (…) Dans l'imaginaire populaire, on s'imagine que tous les joueurs ont le salaire d'Ibrahimovic. Or, on sait quand on s'intéresse un peu aux choses du football, que le salaire moyen d'un joueur de Ligue 1 est d'environ 45 000 €. Une somme qu'un footballeur lambda touchera pendant 4 ans dans sa carrière. Si pendant ces 4 années, deux sont frappées par la taxation exceptionnelle décidée par l'Etat, ce n'est pas négligeable. On aurait pu tenir compte de cet aspect des choses. Enfin, troisième point hyper important : dans le foot, l'évasion fiscale est autorisée. Il y a des joueurs qui quittent Montpellier ou Bordeaux pour rejoindre Newcastle ou Séville et qui, sans être augmenté de façon odieuse, vont toucher beaucoup plus en salaire net qu'en France du fait de l'énorme différence fiscale existant entre la France et ses voisins européens (… )Moi je dis qu'après tout, si aujourd'hui un footballeur veut gagner plus d'1 M€ en France en toute connaissance des mesures fiscales en vigueur chez nous, grand bien lui fasse. Mais je ne vois pas pourquoi ce serait aux clubs de régler l'ardoise. C'est aux salariés de payer leurs impôts, pas aux employeurs (..) Et puis bon, il faudrait arrêter d'être naïf et de croire par exemple, que tous les salaires des joueurs du PSG sont déclarés en France… Donc, je persiste et signe : ce devrait être aux joueurs de payer et non aux clubs. Quand je vois que Bordeaux va devoir raquer plus de 3 M€ alors qu'il n'a même pas les moyens d'acheter un joueur », fait remarquer, à juste titre, Pierre Ménès, qui outre jongler, a également une logique économique.