Ce mardi, la commission d'enquête sur la financiarisation du football français poursuivait ses travaux au Sénat. Il était notamment question de l'accord CVC-Ligue 1 voté à la LFP en avril 2022. Un accord néfaste et injuste pour bon nombre de formations.
La LFP a t-elle planté le dernier clou dans le cercueil de la Ligue 1 en 2022 ? En manque de liquidités après le Covid et l'épisode Mediapro, les clubs de Ligue 1 décidaient à l'unanimité de signer un accord avec le fonds luxembourgeois CVC Capital Partners. La Ligue 1 créait ainsi une société commerciale pour ses clubs professionnels. Les clubs de Ligue 1 récupéraient alors 1,5 milliard d'euros à se partager. En contrepartie, CVC obtenait 13% des revenus générés par la LFP. Une manne que CVC va pouvoir commencer à gagner sur les prochains droits TV de la Ligue 1 qui doivent être attribués prochainement pour la période 2024-2029. Cependant, cet accord est vivement contesté depuis.
Un accord court-termiste et néfaste pour la L1
Le Havre a notamment attaqué en justice l'accord CVC-Ligue 1 qui ne lui rapportait pas plus d'argent que s'il était resté en Ligue 2. Le Sénat se penche aussi sur la question dans le cadre de sa commission d'enquête sur la financiarisation du football français. Ce mardi, l'expert des droits TV et de l'économie du football Pierre Maes a été invité à échanger sur le fameux accord. Il a livré une analyse très pessimiste pour la Ligue 1 et ses clubs. L'accord avec CVC ne peut pas avoir été suffisamment réfléchi.
🔴 Financiarisation du football : audition de Pierre Maes
— Sénat Direct (@Senat_Direct) May 7, 2024
Suivez l'audition de @pierremaes, consultant spécialiste des droits TV, par la #ComCultSénat (@L_Lafon). https://t.co/kW7Tzv5wac
« Tout cela a été fait avec un empressement qui montre que cette décision n’est pas stratégique. Pour un gain de cash à court terme, on hypothèque dangereusement l’avenir du football », a t-il indiqué. Rappelant que CVC serait prioritaire sur les clubs concernant le versement des recettes commerciales, Pierre Maes s'est inquiété de l'opacité de l'accord et des investisseurs de CVC. Surtout, il juge « aberrante » la répartition des fonds de CVC. Les gros clubs comme le PSG seront beaucoup trop favorisés par rapport aux clubs modestes, plus dépendants des droits TV.
Une L1 toujours plus à deux vitesses ?
« Vincent Labrune [président de la LFP] a parlé de ruissellement. C’est tout l’inverse qu’il se passe avec ce deal, qui est le témoin d’une volonté de la Ligue de favoriser les gros clubs, les locomotives. Le PSG touche 17 % des fonds de CVC, alors que c’est sans doute le club qui en a le moins besoin. […] C’est un modèle qui va nuire au spectacle, en concentrant l’argent sur les clubs qui ont déjà les moyens, et donc réduire la part de surprise liée au sport et à la capacité de voir une équipe émerger », a t-il conclu en prenant implicitement la défense du Havre. A en croire Pierre Maes, d'autres clubs français seront lésés par l'accord CVC-Ligue 1 à court terme et devraient logiquement se plaindre.