Face à la crise du Covid-19 et à la défaillance de Mediapro, les clubs français sont au bord du gouffre en cette fin d’année 2020.
Le modèle du foot business est en train de toucher ses limites. Frappés de plein fouet par la crise, les clubs européens cherchent à trouver des parades pour éviter la faillite. En France, alors que la plupart des clubs sont dépendants des Droits TV et des transferts, la mauvaise période actuelle plombe tout le monde. Et selon Jean-Marc Mickeler, les formations de L1 vont devoir faire leur révolution pour survivre.
« La situation financière du football français est extrêmement préoccupante parce que structurellement déficitaire. À l'heure actuelle, il est raisonnable de penser, sans en avoir la certitude, que les clubs présentent les garanties nécessaires pour ne pas tomber. Mais même s'ils passent ce cap, leur avenir ne serait en aucun cas assuré pour la saison suivante. Compte tenu des charges d'exploitations actuelles qui pèsent sur les clubs, l'hypothèse d'un retour à des droits télé pré-Médiapro et à des revenus hors transfert pré-Covid entraînerait un déficit d'exploitation de l'ordre d'un milliard d'euros. Les clubs ont une telle base de coûts qu'ils sont dépendants de leur capacité à vendre massivement des joueurs dans un marché qui sera largement revu à la baisse dans les saisons à venir. Dans leur budget initial, les clubs avaient estimé à 250 M€ leurs pertes au terme de la saison en cours. Dans les faits, celles-ci seront probablement plus proches de 800 M€ en Ligue 1. Que faut-il faire ? Sans réduction drastique de la masse salariale, il n'y a pas de pérennité du modèle. On rentrera, la saison prochaine, dans une situation où les clubs français auront consommé la totalité de leurs fonds propres. Une réduction de la masse salariale de 30 % permettrait de revenir à une forme d'équilibre économique, en prenant pour hypothèse un montant des droits télé équivalent à celui qui existait avant Mediapro et en s'appuyant sur des ventes raisonnables de joueurs. Il y a une urgence d'ici à la fin de saison de façon à éviter les dépôts de bilan. Si on ne profite pas de cette crise pour construire les bases d'un modèle plus sain, on va au-devant de graves désillusions quand elle sera derrière nous en pensant que l'on a réglé un problème, alors que l'on aura rien réglé du tout. La bonne nouvelle est qu'il y a une prise de conscience des clubs. La moins bonne, c'est que si on n'arrive pas à reconstruire quelque chose de plus équilibré, il y aura des faillites. Si elles n'arrivent pas d'ici la fin du mois de mai, elles interviendront au cours de la saison prochaine », a lancé, sur L’Equipe, le président de la DNCG, qui estime donc que les clubs de L1 doivent revenir à une stratégie plus terre à terre, avec notamment un projet basé sur la formation.