Au lendemain de l'accord entre la LFP, DAZN et Beinsports pour la diffusion de la Ligue 1, le patron du RC Lens a affiché la couleur. Joseph Oughourlian est écœuré par le prix à payer pour les amateurs de foot et il crie au scandale.
Les 18 clubs de Ligue 1 n'étaient pas unanimes pour dire oui à la vente moyennant 500 millions d'euros des droits de diffusion du championnat à DAZN et à Beinsports. Parmi les dirigeants qui se sont opposés à ce deal, Joseph Oughourlian, le propriétaire du RC Lens. Et ce dernier a décidé de porter l'affaire sur la place publique via un long message sur les réseaux sociaux. Pour le dirigeant des Sang et Or, l'offre telle qu'elle sera vendue aux fans de Ligue 1 est totalement démente, le prix de 50 euros par mois étant honteux selon ses propres mots. Même si les clubs vont toucher un chèque, Joseph Oughourlian estime que cela ressemble à un baiser de la mort avec les chaînes de télévision.
La Ligue 1 sur BeIN, Textor et l'OL enragent https://t.co/TD3wHLu5wa
— Foot01.com (@Foot01_com) July 14, 2024
« Je suis un président inquiet pour ses supporters cherchant à voir les matchs de leur club de cœur. Pour avoir accès à l’intégralité du championnat, il faudra désormais cumuler un abonnement DAZN (8 matchs sur 9) dont le prix avoisinera les 35 euros et un abonnement beIN (pour l’affiche du week-end) à 15 euros par mois. 50 euros mensuellement, entre 500 et 600 annuellement, voici le (cher) prix à payer pour suivre la Ligue 1. Cet élément qui apparaît bien secondaire au moment où mes confrères ne s’intéressent qu’au prix de vente des droits, est pourtant central. Il nous renvoie à un principe fondamental que l’on bafoue : le positionnement prix d’un produit. Après le tandem Amazon (dont le Pass Ligue 1 coûtait 14,99 euros en sus de Prime) Canal+ (autour de 20 euros par mois), comment peut-on penser qu’une inflation du coût d’abonnement avec un accès à des catalogues moins généralistes pourra soutenir une croissance des téléspectateurs du football français ? Comment songer un instant qu’aller à contre-pied de la tarification attractive des offres plébiscitées du marché (moins de 15 euros par mois pour Netflix par exemple) peut être une voie durable pour le sport le plus populaire qui soit ?
Je suis un Président inquiet pour l’état financier du foot français. 500 millions d’euros valorisés, c’est in fine environ 9 millions d’euros pour le RCL. Jamais les clubs de L1 n’ont touché aussi peu au titre des droits TV. À l’inverse, souscrire à l’offre L1 a rarement représenté pour les fans un tel effort financier. À titre de comparaison, payer l’offre TV cette saison sera plus onéreux que l’abonnement le plus cher à Bollaert (545 euros). Cette tarification ouvre clairement la voie du piratage. En outre, avec une visibilité des partenaires dégradée, c’est tout un schéma de revenus qu’il faudra réinventer.
Je suis un membre du CA de la LFP inquiet. Alors que la contrainte d’absence de diffuseur devait nous amener à saisir l’opportunité d’un pilotage de notre propre offre TV, lisible, plurielle et abordable, cet entêtement à penser montants fixes me renvoie aux mirages du passé. Par ailleurs, alors qu’il y a toujours eu consensus à refuser de vendre l’affiche de la journée à un acteur isolé, céder tardivement à cette tentation crée un revirement où l’économique court-termiste prend le pas sur le stratégique. « La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent » disait Einstein, je crains que le pseudo-conservatisme des présidents ne nous y mène tout droit », écrit le patron du RC Lens, visiblement très remonté et décidé à faire savoir que ce choix de la LFP n'est pas le sien.