Le projet du milliard d'euros pour les droits TV de la Ligue 1 était l'un des grands arguments de Vincent Labrune. Il n'y aura toutefois pas de miracle dans quelques semaines, alors que les négociations s'accélèrent.
Le mois de janvier sera décisif dans l’attribution des droits TV du championnat de France, puisque de nouvelles discussions sont attendues à partir de la semaine prochaine sur ce sujet sensible pour le football français. Les clubs de l’élite ont toujours pu compter sur l’apport économique des diffuseurs pour voir leur budget suivre le rythme effréné du football européen. Vincent Labrune avait clamé haut et fort qu’il visait le milliard d’euros, misant sur une stabilité des droits nationaux et une belle hausse des droits à l’international qui sont jugés insuffisants. Malgré ces belles ambitions, la réalité va vite rattraper le président de la LFP, qui n’a pas su trouver preneur lors de l’appel d’offres de l’automne dernier, et ne pourra pas faire de miracle avec les négociations de gré à gré du début de l’année 2024.
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C’est notamment l’avis de Luc Arrondel, directeur de recherche au CNRS et spécialisé dans l’économie du football, et pour qui l’ambition du milliard était légitime, mais ne sera pas respectée. « Il y a en premier lieu l’appel d’offres qui n’a pas abouti, et le signal envoyé, c’est que le prix de réserve fixé par la Ligue a été jugé trop important aux yeux des éventuels diffuseurs. Pour les droits domestiques, le prix n’a pas été atteint. A l’époque, Maxime Saada avait évalué la Ligue 1 à 650 millions d’euros pour que les diffuseurs puissent récupérer leur mise. Effectivement, on sera plus proche des 700 à 800 millions d’euros avec les droits internationaux, que du milliard d’euros. Normalement, ce processus d’enchère permet de maximiser les droits, mais cela dépend aussi du nombre de demandeurs. Et là, dans cet appel d’offre, il y a des diffuseurs qui n’ont pas répondu. Donc dans les négociations de gré à gré, ce sera vraisemblablement inférieur à ce prix de réserve », a confié à Foot01 Luc Arrondel, qui comprend l’ambition de la Ligue, notamment au regard de ce qui se fait dans les autres grands pays européens.
La Ligue 1 derrière ses voisins, le constat implacable
« Je pense que Labrune et les présidents de clubs visaient le milliard car ils regardent aussi ce qui se fait chez nos voisins, et ce prix est atteint en Allemagne, en Italie et en Espagne, et c’est même le double en Angleterre qui est vraiment un monde à part. Ils avaient ça en tête. Comparer avec les marchés des voisins, le potentiel est là. Après, le produit Ligue 1 est moins vendable que ses voisins. Cela se voit à la popularité sur les réseaux sociaux, notamment lors de la vente à l’international » a expliqué l’économiste, qui veut toutefois voir un point positif dans cette situation délicate. Si les droits pourraient ne pas être revus à la hausse, chose rare dans l’histoire du football français, il y a tout de même de quoi compenser cette baisse avec les droits à l’international. « Le point positif c’est le fait que les droits internationaux sont actuellement sous-évalués à 80 millions d’euros », a souligné le chercheur au CNRS, pour qui la Ligue 1, grâce notamment à la popularité du Paris SG, peut mieux se vendre à l’étranger, et permettre de limiter la casse. Encore faut-il, là aussi, trouver un diffuseur pour les droits de la Ligue 1 hors de nos frontières. Des objectifs encore loin d’être atteints, alors que la période délicate des négociations va battre son plein dans les prochaines semaines.