La solution de la Ligue pour éviter le naufrage total des droits TV a enfin un partisan chez les spécialistes du sujet. La position de domination de Canal+ pourrait ainsi être contrée, même si la LFP part de très loin.
Le milliard d’euros est à oublier, et la Ligue réfléchit désormais, à 45 jours du début du championnat, pour trouver un moyen de limiter la casse financièrement. Le championnat de France n’a aucun diffuseur et cela a le don légitime d’inquiéter les clubs. Pour les moins prestigieux d’entre-eux, ce sont presque 50 % du budget qui dépendent des droits TV. Et la guerre ouverte depuis des mois ne débouche sur aucun accord, alors que Canal+ bloque tout et ne compte pas faire le moindre effort, estimant avoir été maltraité par la Ligue par le passé. La seule solution envisagée, et celle de créer une chaine 100% Ligue 1 par la LFP, qui commercialisera les droits et espère ainsi avoir des revenus grâce à la publicité et les abonnements.
Un prix d'investissement sur la Ligue 1 ?
Pas de quoi grimper au rideau, mais de quoi être indépendant et faire rentrer de l’argent dans les caisses. Si le prix de l’abonnement, entre 25 et 30 euros par mois tout de même, a eu le don de faire hurler, le fait de tenter de faire de la Ligue 1 un produit phare entretenu par les téléspectateurs aurait presque du sens pour un spécialiste de l’économie du football. C’est ce que laisse entendre Luc Arrondel, dans les colonnes du Point, à propos de la situation compliquée des droits TV et de la perspective de voir une chaine lancée par la LFP voir réellement le jour.
Les droits TV en Ligue 1, ce président lâche Labrune https://t.co/mh0NSpz8F6
— Foot01.com (@Foot01_com) June 29, 2024
« C'est assez difficile à évaluer en toute objectivité. Lors de son audition devant les sénateurs au sein de la commission sur la financiarisation du football, le président du RC Lens, Joseph Oughourlian a évoqué la notion de prix d'investissement qui n'est pas idiote du tout : si vous payez plus cher, le produit sera de meilleure qualité et un cercle vertueux va s'instaurer. Mais la première année, vous allez payer un montant plus cher que la valeur du produit et vous allez espérer récupérer cet investissement dans les années ultérieures », a livré l’économiste du sport, pour qui la position de la Ligue se défend, d’autant plus devant l’inflexibilité de Canal+. Il reste un problème de taille, les Français ne comptent pas se ruiner pour voir la Ligue 1 à la télévision, et même dans les années fastes des droits TV, cela n’a pas débouché sur un championnat au niveau du Big Four, ou des victoires de prestige en Coupe d’Europe.
« L'idée de départ, le fameux milliard, n'était pas saugrenue, si l'on se compare aux marchés similaires de nos voisins, l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre ou l'Espagne. Sauf que ça ne suffit évidemment pas et qu'il faut bien aussi regarder du côté de la compétitivité de notre championnat par rapport au fameux « Big Four ». Et à l'aune de nos résultats dans les différentes compétitions européennes, on peut reprocher au président de la LFP d'avoir une vision court-termiste, en ne visant que le championnat domestique sans essayer de briller sur la scène européenne », précise Luc Arrondel, même si la LFP a fait des efforts pour les clubs français en Coupe d’Europe notamment en passant la L1 à 18 clubs pour faire moins de matchs, et en aménageant le calendrier quand c’était nécessaire.