Depuis quelques semaines, l'idée d'une chaîne produite par les clubs de Ligue 1 est dans l'air. Plusieurs présidents sont favorables à une telle solution pour remplacer DAZN, mais le coût sera colossal.
Joseph Oughourlian, le président du RC Lens, ne le cache pas, s'il n'en tenait qu'à lui, le football français lancerait enfin sa propre chaîne pour diffuser la Ligue 1, quitte à perdre de l'argent la première année. « Mon point, c'est que, si tu fais le calcul et que tu regardes à 150 millions, moins les 20% de CVC, moins les coûts de la Ligue, moins les autres, il ne reste plus grand-chose pour les clubs. Sur ces niveaux-là, je me retrouve avec moins de droits TV que ce que j'avais en L2. Donc je dis que sur ces niveaux-là, ça vaut peut-être le coup de tenter quelque chose. Et ça vaut peut-être le coup de mettre en place une solution de financement, avec CVC par exemple, pour essayer d'absorber les neuf à douze premiers mois de lancement d'une chaîne », a confié le président lensois sur RMC. Sauf qu'à en croire Pierre Maes, expert en matière des droits TV, ce calcul est erroné, car le coût financier sera colossal pour les 18 clubs de Ligue 1, et pas seulement sur une seule saison.
La Ligue 1 fonce vers la catastrophe
S'exprimant sur ce dossier bouillant des droits de diffusion de la Ligue 1, Pierre Maes a lui une autre analyse de ce que pourrait engendrer le remplacement de DAZN par une chaîne de la Ligue de Football Professionnel. « Ce projet de Ligue propre n’a pas été retenu l’été dernier parce qu’il n’y avait aucune garantie de recette et que des garanties de dépenses. Donc on peut comprendre que les clubs aient été frileux. La situation est encore pire aujourd’hui avec le piratage qui a encore grandi dans l’intervalle. Donc ça parait très compliqué. Réunir tous les matchs sur un même canal, ça peut aider, mais pas sûr que ça suffise à garantir le succès (...) Dans le cas d’une chaîne propre, ce n’est pas 200, ce n’est pas 0, c’est moins 50 millions en comptant les frais de production et de marketing. Il faut se laisser trois ans de pertes dans ce genre de projet à long terme », précise, dans Le Parisien, l'expert, qui voit mal les dirigeants de L1 faire ce choix.
Quoi qu'il en soit, si la LFP et DAZN ne trouvent pas rapidement un terrain d'entente, au moment où le diffuseur anglais réclame 573ME à la Ligue 1, la justice risque d'imposer une solution qui pourrait faire très mal aux 18 clubs engagés dans ce bras de fer.