Interrompu à deux reprises, le derby entre l’AS Saint-Etienne et l’Olympique Lyonnais (0-5) le 5 novembre dernier était particulièrement tendu.
Et l’on ne parle pas seulement du terrain, où le degré de violence n’a rien à voir avec ce qu’il se passe en tribunes. Ce soir-là, les supporters des deux équipes, qui s’étaient déjà affrontés aux alentours du stade avant le coup d’envoi du match, avaient décidé de continuer à l’intérieur de l’enceinte. Aux premières loges, ce stadier impuissant n’a pu que constater les dégâts à Geoffroy-Guichard.
« On ne reste que des hommes ! On n'est pas armé. On ne peut pas faire le boulot de CRS, ce n'est pas notre travail. On n'a pas les moyens nécessaires, s’est défendu un membre de la sécurité, interrogé par France Bleu Saint-Etienne Loire. Avec mes collègues, on a été le plus réactif possible. Ces agressions envers nous, c'est du jamais vu. Plusieurs de mes collègues qui ont déjà fait des derbys n'avaient jamais vu ça. Certaines barrières de sécurité ont été cassées en deux. Pour casser une barrière de ce genre, il faut déjà y aller ! Les projectiles jetés ont blessé des enfants, des personnes âgées ... tout ça parce que des gens ne savent pas se tenir. »
Le terrible aveu du stadier
« L’envahissement de terrain ? Je n'étais pas sur cette zone à ce moment-là mais vous avez beau être 30 agents de sécurité, quand vous avez des centaines de personnes qui vous descendent dessus, vous allez arrêter les premiers et puis ça va pousser de plus en plus fort. Le risque c'est de finir piétiné sur les supporters. A un moment, il y a un réflexe de survie et vous laissez passer, a reconnu le stadier. On peut nous le reprocher, mais comment ne pas comprendre qu'on ne veuille pas finir bousculé, piétiné ? Mettez-vous à notre place avec ces personnes alcoolisées, déterminées qui descendent sur vous ... Il faut le vivre pour comprendre, c'est flippant ! Vous vous dites "mais qu'est ce que je vais faire." »
Un stadier roué de coups
« Ce genre de match nous dégoûte d'aller travailler, a-t-il confié. J'ai un ami qui était au match avec moi et qui m'a dit qu'il ne viendrait plus travailler. Il a été roué de coups, il est tombé dans un escalier en tentant d'arrêter un supporter. Il m'a dit "je vais rester avec ma famille plutôt que de prendre des coups inutilement. (...) J'estime que je ne joue pas ma vie, je ne devrais pas risquer ma vie sur ces matchs. » Un incroyable témoignage qui prouve que rien ni personne, avec les mesures de sécurité actuelles, ne peut empêcher un envahissement de terrain...