Décédé ce jeudi 24 mars, Johan Cruyff restera comme l’un des plus grands joueurs de tous les temps.
Sa facilité à faire la différence, à créer le danger et à inspirer ses coéquipiers en a fait un joueur adulé pendant le XXe siècle. Mais son passage comme entraineur marquera aussi les mémoires, avec son goût indéniable pour le football offensif et construit, et la prise de risques comme obligation. Souvent interrogé après sa retraite d’entraineur sur ce qui faisait sa légende, le Néerlandais adorait donner des leçons à ceux qui lui ont succédé. Mais cela donnait aussi quelques phrases magiques dont il a le secret. Notamment celle sur le rôle d’un joueur pendant 90 minutes : « Quand vous jouez un match, il est statistiquement prouvé que les joueurs n'ont la balle que trois minutes en moyenne. Le plus important, c'est donc ce que vous faites pendant ces 87 minutes où vous n'avez pas la balle. C'est ce qui fait que vous êtes un bon joueur ou non », avait assuré Johan Cruyff, pour qui le football devait être simplifié au maximum, ce qui était compliqué à faire. « Le football est simple, mais jouer simple est difficile », disait ainsi souvent le Néerlandais, qui savait que parfois, il n’était pas facile de le suivre lors des conférences de presse, ce qu’il prenait avec le sourire. « Si j’avais voulu que tu comprennes, j’aurais mieux expliqué » aimait à lâcher Cruyff.
Bien évidemment, pour un joueur qui adorait le jeu naturel, l’entraineur en pensait de même. Il avait d’ailleurs lâché une phrase qui avait du bruit lors de sa période barcelonaise, en expliquant qu’il « préférait un joueur de la rue, à un entraineur diplômé », signe qu’il fallait laisser l’improvisation et le talent parler. D’ailleurs, s’il était toujours très mauvais perdant, notamment comme joueur, il a toujours fait savoir qu’il préférait « perdre avec ses idées, qu’avec celles des autres ». Et personne n’était épargné, ni l’argent dans le football (« tout le monde peut battre tout le monde, je n’ai jamais vu un sac de billets marquer un but »), pour les arbitres (« ne cours pas avec le sifflet dans la bouche, tiens le dans la main, comme ça tu pourras réfléchir avant de siffler ») et même pour les religions (« quand je vois tout le monde en train de se signer en rentrant sur le terrain, je me dis que si ça marchait, il n’y aurait que des matchs nuls ») ou pour les joueurs modernes (« je suis six fois plus fort qu’eux, puisque je pouvais frapper intérieur, extérieur et cou de pied des deux pieds, eux ne font que du coup de pied »). Et pour conclure, Johan Cruyff était souvent interrogé sur son statut de légende, peu importe où il allait. Le triple Ballon d’Or aimait répondre que, dans ces cas-là, « il se sentait immortel ».