Journaliste de L’Equipe, Vincent Duluc a été touché par le Covid-19 dans sa forme la plus sévère.
Dans un long témoignage sur le site de son journal, le grand reporter explique son très long parcours à l’hôpital, où il est resté quasiment un mois entier. Après plusieurs jours de fièvre, et une consultation chez son médecin, il est allé à l’hôpital de Rambouillet pour un contrôle de l’état de ses poumons, pensant revenir le soir même. Finalement, son séjour a duré 28 jours, avec deux passages en réanimation, et une mise en permanence sous oxygène.
« Dans ma situation, respirer est devenu une obsession. J'ai eu parfois besoin de 90 % d'oxygène extérieur. Ils voyaient sans cesse les conséquences dramatiques de l'intubation et, pour l'éviter, ils m'ont demandé si j'étais prêt à rester trois jours et trois nuits sur le ventre. Je les en remercie encore. Pendant trois semaines, je n'ai quasiment pas dormi. Je n'avais pas envie, je refusais. Parfois, il fallait aussi rester trois heures avec un respirateur spécial, alors qu'on pensait au début qu'on n'allait pas tenir cinq minutes (...) Ensuite, tu te retrouves très affaibli et tu prends une grande claque. Je suis sorti de l'hôpital avec 20 kg de moins, les jambes de Tigana et en ayant besoin d'une chaise au milieu pour pouvoir aller de ma chambre à la salle de bains », a livré Vincent Duluc, avant de rendre un bel hommage au personnel hospitalier, et à son courage de tous les instants.
« C'est un peu bateau, mais ce qui me reste de tout ça, c'est le soutien incroyable du personnel de l'hôpital. Les soignants, mais aussi les non-soignants. Quand ils venaient dans la chambre pour s'occuper de moi, il fallait à chaque fois qu'ils mettent une surblouse, une charlotte, un masque, parfois une visière et des gants, même si j'avais besoin de trois fois rien. En rentrant dans ma chambre, l'un ou l'autre m'encourageait en me touchant le bras ou l'épaule... Ce qui me reste, c'est leur dévouement : apprendre que la plupart d'entre eux travaillaient douze heures d'affilée sans pouvoir manger, qu'un médecin à la retraite était revenu à l'hôpital pour aider, qu'un collègue venant d'un autre service découvrait pour la première fois la réa... Ces personnes sont formidables et, malheureusement, on ne s'en rend compte que dans ces moments-là », a livré le journaliste, qui a avoué s’être longuement interrogé pour savoir s’il n’avait pas attrapé le virus lors du fameux match entre Lyon et la Juventus, dinant notamment après le match dans un restaurant où se trouvaient des supporters italiens. Impossible de refaire l’histoire et la science, mais l’éditorialiste de L’Equipe a en tout cas mis en mots la gratitude que chacun, touché ou non, peut avoir avec le personnel soignant dans ces temps de crise sanitaire.