A deux jours des élections au poste de président de la FIFA, c’est un ouragan qui s’abat sur l’instance mondiale du football dont plusieurs membres ont été interpellés par la police suisse. Sepp Blatter, qui sauf surprise se succèdera à la tête de la FIFA, est au coeur de toutes les accusations. Et dans Le monde, un de ses anciens conseillers, Guido Tognoni charge la barque. Ce dernier précise cependant que l’actuel boss de la FIFA n’a pas inventé tout seul la corruption, mais que c’est une vieille habitude de la maison. Selon Tognoni, l’attribution du Mondial fait l’objet depuis très longtemps d’un système de corruption.
Le Mondial en Allemagne et celui au Japon et en Corée déjà achetés ?
« Depuis quarante ans et l’intronisation de Havelange, la FIFA a la culture de la corruption. Blatter ne l’a pas initiée, mais il a toujours toléré la corruption. C’est un moyen de rester au pouvoir. Havelange, lui, était corrompu. Blatter a soigné les Warner, Teixeira, Blazer, Hayatou. Il n’est pas intervenu pour ces cas de corruption. Quand on vend des droits télé pour 1 dollar, c’est de la corruption. La corruption, ce n’est pas seulement accepter de l’argent dans des enveloppes. La corruption a beaucoup de facettes. Quand Blatter parle de tolérance zéro contre la corruption, combien de présidents de fédérations nationales auraient le droit de vote si on respectait ce principe ? Vous pensez que la Fédération italienne va se plaindre de la corruption ? Quatre-vingt-dix pour cent des fédérations se foutent du jugement du public à l’égard de la FIFA. En Afrique, Asie, Europe de l’Est, ils n’ont aucune raison de se plaindre de la corruption. Ils se taisent, explique l’ancien cadre de la FIFA, qui estime qu’avant la Russie et le Qatar, les dés étaient également pipés lorsqu’il s’agissait d’attribuer le Mondial. Pour le Qatar, Ben Hammam a simplement appliqué les règles de la FIFA de manière extrême. Il a fait ce que tout le monde faisait. Comment le Japon et la Corée du Sud ont eu le Mondial, en 2002 ? Et l’Allemagne, en 2006 ? Vous pensez qu’il n’y avait que des saints ? L’attribution conjointe des deux prochaines Coupes du monde a été une erreur stupide.»
Du côté de la FIFA on se défend de toutes ces accusations, affirmant même être à la base de l’actuelle enquête diligentée en Suisse et aux Etats-Unis. L’avenir pourrait rapidement dire si cette ligne de défense est tenable ou pas.