Arsenal joue sa version de l'Internationale

Arsenal joue sa version de l'Internationale

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Alors que la FIFA veut réglementer le nombre des joueurs étrangers, Arsenal a basé sa réussite sur l'intégration. Explications.

 La FIFA a annoncé jeudi qu’une étude lancée à son initiative aboutissait à reconnaître la légalité en Europe de son projet de loi 6+5. Un texte qui doit permettre d’avoir un maximum de joueurs nationaux dans les clubs européens, mais pourrait poser des problèmes à certains clubs, anglais notamment, et plus précisément à Arsenal, première formation à aligner il y a quelques années onze joueurs étrangers en Premier League.


Depuis l'arrivée d'Arsène Wenger en 1996 à la tête du club londonien, la primauté a été donnée à la qualité du joueur et à son talent, quel que soit son origine. La France a souvent tapé dans l’œil de l’équipe des célèbres recruteurs des Cannoniers. Ce n'est pas nouveau, Arsenal est une enclave française en Angleterre. Patrick Vieira, Emmanuel Petit, Sylvain Wiltord, Robert Pirès, et évidemment Thierry Henry sont quelques-uns des « frenchies » les plus célèbres à être passés chez les Gunners. En 2009, six joueurs français font partie de l'effectif londonien. Sans aucun doute, l'influence du tacticien alsacien, à la tête de l'AS Monaco entre 1987 et 1995, est-elle à l'origine de cette tendance Mais il existe un autre homme important derrière cette statistique étonnante : Gilles Grimandi, ancien joueur de Monaco et d'Arsenal. Au club depuis 2005, il est aujourd'hui à la tête du recrutement du club londonien en France. Pour lui, le duo qu'il forme avec Wenger est capital. « Quand on est passé de joueur à dirigeant dans le club avec le même entraîneur, on devine forcément ses attentes et le profil du joueur recherché», a-t-il déclaré au Figaro. De plus, les liens conservés par Arsenal avec les clubs français sont un facteur majeur dans l'orientation du recrutement. Ainsi, Remi Garde, ancien joueur d'Arsenal, aujourd'hui dans le staff de l'Olympique Lyonnais, reste en relation avec son ancien club.


Mais les Gunners ne se cantonnent pas à recruter français. Arsène Wenger recherche des qualités très précises, qui apparaissent dans son effectif : technique, qualité de passe, vitesse, vision du jeu, collectif. A l' « Academy », le centre de formation et de détection des plus jeunes, on mise sur la passion, le sérieux et la résistance à l'effort. La recherche de joueurs correspondant au profil ne souffre donc aucune limite géographique. « Je compare une belle équipe anglaise comme la nôtre à un groupe chirurgical pointu qui va chercher un chirurgien aux États-Unis, en France, au Japon », explique Grimandi. A London Colney, centre d'entraînement des Canonniers, se côtoient pas moins de 14 nationalités différentes. « Dans l’optique d’une internationalisation de la vie, j’ai toujours rêvé de faire d’abord un centre de formation produisant la culture du jeu que nous aimons. Ensuite, de sortir cinquante pour cent de joueurs locaux et cinquante pour cent d’étrangers », a un jour expliqué Arsène Wenger. Et c’est là que le bât blesse.

 

Car seuls deux ou trois joueurs britanniques ont joué cette saison en équipe première. Après la non-qualification de l'Angleterre pour l'Euro 2008, le nombre d'étrangers en Premier League a été pointé du doigt comme responsable de le baisse du niveau de jeu de la sélection. Les jeunes joueurs anglais se verraient barrer la place par des joueurs d'autres pays. Arsenal représente donc l'exact opposé de la vision de Michel Platini ou de Joseph Blatter, et son idée du 6+5. « Les bons joueurs anglais valent plus chers qu'ailleurs », a expliqué Grimandi. Il est vrai que le prix des joueurs anglais, très surcôtés outre-Manche, pose un véritable problème. « S’il y avait moins d’étrangers, certes il y aurait sûrement plus de joueurs anglais dans le championnat. Mais, parmi eux un seul joueur, peut-être, figurerait en sélection. Il est évident que c'est notre talon d'Achille, mais nous comblons nos lacunes », se défend Arsène Wenger.

Florian Velter