Les clubs français sortent d'une saison morose en Coupe d'Europe, une de plus. Et cela ne changera pas dans les années à venir, annonce Claude Puel dans un constat sans pitié sur la formation à la française, et les départs de jeunes.
Avec le maintien désormais assuré à 99 %, l’AS Saint-Etienne peut enfin souffler. Claude Puel ne risque toutefois pas de profiter de ce soulagement pour aligner une équipe rajeunie, puisque les pépites du centre de formation ont quasiment été sur le terrain toute la saison. Un choix forcé en raison des contraintes économiques et des départs des joueurs les plus prometteurs chaque été. Un système qui a le don d’agacer le manager général des Verts, pour qui les dirigeants de club ne pensent qu’au portefeuille, et empêchent aux entraineurs d’avoir la possibilité de construire une équipe compétitive sur les années.
« J’aimerais que les dirigeants se demandent comment développer une équipe et non comment remettre les comptes à niveau. Rivaliser avec les quatre grands championnats, on n’y arrivera pas. L’enjeu est de mieux protéger notre formation. Le premier contrat pro est de trois ans, contre cinq en Angleterre. Il faut des sommes astronomiques pour les garder alors qu’on doit continuer à les former. Donc, à partir de 16 ans, ils sont mis aux enchères », a expliqué dans le Journal du Dimanche un Claude Puel pour qui le problème concerne totalement l’ASSE. Les Wesley Fofana ou William Saliba sont partis après une bonne saison, avec des réussites divergentes, et cela vaudra pour les prochains également. Et tant pis pour leur fin de formation qui est parfois un peu trop accélérée.
« À Saint-Étienne, on a incorporé chez les pros des gamins de 17 ans qui n’avaient pas encore évolué en réserve. On brûle des étapes car dès qu’un gamin éclate, il part. On l’a vu avec William Saliba et Wesley Fofana. On ne pouvait pas faire autrement. Nos joueurs ont une touche un peu individuelle car, à cet âge, on les laisse s’exprimer. Les paliers, ils les passent plus tard, à l’étranger plutôt qu’ici, où ils représentent des actifs susceptibles de combler des déficits. S’il y avait un problème global avec notre formation, il n’y aurait pas autant de débouchés en Angleterre, en Italie ou en Allemagne », a prévenu l’entraineur des Verts, pour qui la France est véritablement un tremplin sur lequel un jeune rebondit très rapidement pour aller à l’étranger. Une raison de plus pour expliquer pourquoi les clubs français sont encore très loin de leurs voisins européens.