C’est, en la personne de Robert Herbin, un monument du football français qui a rendu l’âme dans la soirée de lundi, à Saint-Etienne.
Joueur, entraineur et dirigeant de l’AS Saint-Etienne, Robert Herbin a construit sa légende avec sa méthode, ses résultats, et son attitude. Cela lui a valu le surnom du Sphinx, imperturbable dans les moments chauds, récalcitrant à s’expliquer devant les médias, et théoricien du football à outrance. Il avait apporté de grands changements dans la préparation des joueurs et des effectifs, notamment dans l’entrainement et le côté tactique, ce qui manquait au football français, et notamment sa tête de gondole Saint-Etienne pour se rapprocher du niveau des meilleurs clubs européens. Un sacré personnage avec un côté mythique et mystique, comme l’a décrit l’un de ses anciens joueurs, Christian Lopez.
« Il était imperturbable. Il ne bougeait pas de son banc, ne contestait aucune décision. Il ne montrait pas ses émotions. Comment était-il ? Assez distant. Il avait joué avec une partie du groupe qu’il entraînait. Comme joueur, il était déjà comme ça. Il était dans son coin. A la fin des matchs, il fumait ses deux clopes assis dans le vestiaire et partait en- suite à la douche. Comme entraîneur, il parlait surtout aux cadres et instaurait une concurrence entre les jeunes », a expliqué l’ancien défenseur des Verts dans les années 1970, dans les colonnes du Parisien. Connu pour sa rigueur, Le Sphinx était aussi capable de quitter le vestiaire après un discours d'avant-match aussi court que précis, histoire de laisser les joueurs cogiter un maximum. Le portrait d’un entraineur inventif, à la pointe de la préparation de l'époque, mais très distant avec ses joueurs, et qui avait fini par en faire de même avec son club de coeur, après quelques retrouvailles ratées, s’isolant dans les hauteurs de Saint-Etienne avec ses chiens, jusqu’à son hospitalisation en urgence en fin de semaine dernière.