Considéré comme l’un des plus grands entraineurs du football avec la claque qu’il a mis au monde du ballon rond lorsqu’il entrainait le Milan AC, Arrigo Sacchi s’est mis à l’écart des terrains depuis 15 ans pour des raisons de santé.
Mais le technicien italien suit toujours de près ce qu’il se passe, et il possède notamment un avis très tranché après l’élimination du PSG par le Real Madrid. Après une défaite sévère à l’aller, le club de la capitale a coulé sans révolte en l’absence de Neymar, laissant transparaitre le visage d’une équipe incapable de se surpasser dans le grand moment de sa saison. Pour le maitre tacticien, cette élimination démontre les limites du projet parisien, et d’un club qui n’est pas encore construit comme un grand d’Europe.
« J’ai trouvé que c’était très décevant dans l’attitude. J’en attendais beaucoup plus dans l’agressivité, dans l’intensité. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans leur tête. Ce que je peux dire, c’est que j’ai toujours considéré Emery comme un très bon entraîneur. La question est : est-ce qu’ils (les joueurs) le suivent ? Je pense que tous doivent se poser la bonne question au club. Il faut bien comprendre que le club est la partie la plus importante du chantier. Parce que tout part du club, de son histoire, de sa vision, de ses règles et de son leadership. Le club vient avant l’équipe, et l’équipe vient avant chaque individualité. La sensation que j’ai, c’est que cette hiérarchie de valeurs-là est inversée au PSG. Tu ne construis pas une histoire comme celle du Real en quelques années, c’est vrai, mais tu peux avoir des idées, une vision, une organisation. Le PSG dépense beaucoup, mais cela ne peut pas suffire. On l’a vu mardi soir : ils ont dépensé plus que tout le monde l’été dernier, et ils ont livré une partition vraiment insuffisante. Les Parisiens n’ont pas une énorme histoire européenne. Alors, s’ils veulent vraiment gagner, il faut des idées, et des idées claires », a livré dans L’Equipe un Arrigo Sacchi à l’analyse limpide, et pour qui le fait de donner les clés de l’équipe à Neymar sans vraiment voir plus loin est une énorme erreur.
Le jour où le PSG aura une vraie organisation...
« Mais un joueur, aussi fort soit-il, n’est pas un projet ! Neymar, ce n’est pas un projet ! Nous avons gagné le Championnat (en 1988) avec Van Basten, qui venait d’arriver, et qui sur 30 matches de Championnat n’en a joué que trois intégralement. Si le projet avait été Van Basten, nous n’aurions rien gagné. On a gagné la Ligue des champions avec Gullit et vous savez combien de matches il a joué (en 1989-1990) ? Un seul, sur neuf ! On a battu le Barça en Supercoupe d’Europe sans Baresi, Ancelotti, ni Gullit. La musique sans partition, ce n’est pas possible. Brecht (Bertolt, le dramaturge allemand du XX e siècle) disait que même les plus grands acteurs ont besoin d’un metteur en scène pour s’exprimer pleinement. Le jour où, avec ce qu’ils dépensent, les Parisiens auront aussi une organisation qui part du club, ils avanceront », a expliqué l’entraineur italien, pour qui c’est tout le club parisien, du président à l’entraineur, qu’il est nécessaire de restructurer avec des bases solides.