Comme nous vous l’indiquions ce jeudi, Jean-Michel Aulas, qui ne se gêne pas pour critiquer les dépenses du Paris Saint-Germain au mercato, a envoyé une lettre à son homologue Nasser Al-Khelaïfi.
Contrairement à ce qui était annoncé dans un premier temps, son objectif n’était pas de s’excuser, mais plutôt d’expliquer ses déclarations. C’est effectivement ce que l’on interprète à la lecture de cette lettre que L’Equipe s’est procurée. On apprend donc que le président de l’Olympique Lyonnais regrette que certains clubs de Ligue 1 ne puissent plus (ou très difficilement) accéder à la Ligue des Champions. Et que JMA aimerait voir le championnat français profiter des ressources du Qatar.
La lettre d’Aulas :
« Cher Nasser, comme évoqué brièvement jeudi soir, je voulais t'adresser ce petit mot pour clarifier ma position et la perception que tu en as. Tout d'abord, j'apprécie, sans aucune ambiguïté, tant l'homme que le Président du PSG qui réalise, certes avec des moyens très supérieurs aux autres, des performances sportives, organisationnelles et de management qui sont excellentes et saluées par tous les amateurs français de football.
Le point sur lequel il y a débat se situe au niveau de l'ampleur des moyens mis en œuvre pour faire du PSG non seulement le 1er club européen, mais, de fait, le 1er club français. Nous sommes dans une compétition à 20 clubs où seules les 2 premières places, et accessoirement la 3e mais c'est très compliqué dorénavant, peuvent avoir accès aux ressources très importantes de l'UEFA. Sans ces ressources, les clubs tels que Lyon, St Etienne, Marseille, Rennes, Nice, Lille ou Toulouse, se voient privés de cette possibilité de partager des ressources qui sont en valeur très supérieures maintenant aux ressources attribuées par la Ligue 1 aux meilleurs de ses clubs.
Certains de ces clubs, comme l'Olympique Lyonnais, ont investi des centaines de millions d'euros dans la construction de stades et camps d'entraînement, et la rentabilité de ces investissements ne peut être envisagée qu'avec la certitude de pouvoir participer aux compétitions européennes au regard des ressources qu'elles procurent. L'analyse que je fais, avec un certain nombre d'autres Présidents qui concourent pour la Champions League, se situe au niveau de la valeur absolue des investissements consacrés par le PSG, mais aussi à leur valeur relative, étant entendu que le budget moyen de la Ligue 1, si on ne prend pas en compte le PSG, est de l'ordre de 60 à 70 M€ !
L'ampleur des moyens mis en œuvre n'a fait que croître ces dernières années, il n'y a aujourd'hui plus aucune chance pour les clubs de 2e niveau de pouvoir concurrencer sportivement le PSG. A l'inverse, j'apprécie évidemment l'arrivée de Neymar et de tous les autres grands talents que tu as su attirer au PSG, comme le maintien de Kylian Mbappé en France, qui vont "doper" les entrées aux stades et je l'espère, valoriser à l'étranger la Ligue 1. Aussi, compte tenu de la relation capitalistique et organisationnelle avec le Groupe beIN, j'aurais volontiers imaginé qu'une partie de la puissance considérable de l'Etat du Qatar puisse participer immédiatement à la revalorisation des droits télévisés français, afin de démontrer que la « solidarité » vis-à-vis des autres clubs français s'effectue, en particulier en France où les clubs sont les plus pénalisées par la suprématie non contestable du PSG.
De la même manière, nous aurions pu imaginer, mais c'est probablement un rêve inaccessible, qu'une partie des grands sponsors qataris puisse aussi, à l'instar de l'aéroport de Doha avec le Bayern de Munich, aider les clubs français dans leur course à la croissance des revenus qui est la seule susceptible de pouvoir équilibrer ou réguler le championnat de France. Je t'exprime tout cela non pas pour justifier mes prises de paroles, car je sais qu'elles t'irritent, alors que bien souvent elles ne sont que le fruit de questions systématiques posées par les médias et auxquelles je ne peux sans cesse occulter les réponses au regard de ma position dans les instances françaises et européennes, et en tant qu'actionnaire important d'un club compétiteur dans le championnat.
Enfin, sache que malgré la surmédiatisation de mes propos, je garde le plus grand respect pour l'homme et j'apprécie que le PSG puisse, à un moment où un autre, gagner la Champions League et ainsi avec les points accumulés dans le ranking de l'UEFA, permettre à la France à terme de rattraper la 4e place significative de plus de clubs qualifiés. Voilà, je devais te dire tout ceci, car ma démarche n'est pas négative, loin de là. Elle sert les intérêts de tous les clubs qui participent à une compétition pour laquelle les règles économiques me paraissent être synonymes de pérennité.
Je reste à ta disposition pour en reparler et en tout cas, je serai à tes côtés bien sûr pour défendre l'intérêt des clubs français, y compris du PSG, au sein de l'ECA et de l'UEFA, comme je l'ai déjà fait par le passé. »