Propriétaire de l'OM, Frank McCourt reste un businessman qui n'est pas à Marseille pour sa passion du football. En cas de grosse mauvaise nouvelle pour les finances des clubs français ce printemps avec les droits TV, l'Américain pourrait bien entendre raison et écouter les offres.
Gagner de l’argent avec un club de football est une véritable chimère à laquelle certains investisseurs croient encore. C’est notamment le cas de plusieurs propriétaires américains qui ont décidé de miser sur les clubs français, un championnat qui a ses avantages. La qualification en Ligue des Champions est abordables, les formations françaises sont habituées à bien vendre leurs meilleurs joueurs, et les droits télévisuels apportent une manne financière non négligeable. Mais ce dernier point pourrait changer dans les prochains mois, avec une renégociation en cours des droits TV qui ne laisse pas présager d’une forte hausse.
Droits TV à la baisse, les Américains refroidis ?
Un problème à venir pour les clubs, qui ont déjà des finances qui ont souffert avec les emprunts liés au Covid ou le fiasco de Médiapro, et voient l’importance des revenus télés grimper dans leur budget chaque année ou presque. En tout cas, le vent pourrait bien tourner dans des clubs qui sont la propriétés des Américains, car Bordeaux est par exemple bien placé pour le savoir, aucun businessman ou fonds US digne de ce nom ne restera aux commandes s’il n’y a aucun perspective de faire des profits. Un point sensible à suivre donc, comme l’explique à Foot01 Luc Arrondel, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’économie du sport.
L’exemple de Frank McCourt, qui perd des dizaines de millions d’euros chaque année avec l’OM, et pourrait donc voir ces problèmes s’agrandir si l’appel d’offres ne donnait pas satisfaction, est parlant. « Le fait que ce soit des investisseurs américains qui viennent dans le football européen avec leur propre culture du business est important. Leur but, c’est quand même de faire de l’argent. Ils ont compris comment cela fonctionnait. Ils viennent d’un modèle très régulé, avec un salary-cap par exemple, car cela permet de faire du profit. C’est un peu ce qu’il se passe dans le football européen, qui était jusqu’à présent très peu rentable. Il y a quand même du côté américain le fait que le football devienne populaire. Il y a la perspective de la Coupe du monde, mais aussi celle de faire de la plus-value avec les clubs et le trading joueurs. Mais effectivement, concernant l’OM et Frank McCourt par exemple, l’argument pour investir dans les clubs français, était d’anticiper des droits TV qui soient plus importants. Si c’est revu à la baisse, cela pourrait inciter ces investisseurs-là à réfléchir ou à se retirer du football français, même s’ils ont beaucoup de surface financière », a tenu à souligner Luc Arrondel, pour qui il n’y a pas vraiment d’urgence absolue en cas de perte financière sur les droits TV. Mais la donne économique n’est pas négligeable, car ce n’est pas dans la culture américaine d’investir à perte sur une longue durée. Tout le contraire de la façon de penser du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, pour qui l’argent peut être perdu, si cela permet une meilleure visibilité, ou un impact diplomatique supérieur par exemple.