Le tribunal de correctionnel a condamné lundi soir des supporters de l'OM, dont Rachid Zeroual, à des peines de prison ferme suite aux incidents de janvier à la Commanderie.
Des peines allant jusqu'à un an de prison ferme ont été prononcées lundi contre quatre meneurs de groupes de supporters de l'Olympique de Marseille pour leur responsabilité dans les incidents fin janvier au centre d'entraînement du club. « Dans ce dossier la preuve a été rapportée d'une organisation en vue de dégradations et de violences », a assuré la présidente du tribunal correctionnel de Marseille, Nathalie Marty, qui a prononcé la peine la plus dure contre le trésorier des Marseille trop puissant (MTP). Le jeune homme, déjà condamné dans le passé pour des faits similaires, avait été arrêté dans la Commanderie, le centre d'entraînement de l'OM, avec des fumigènes. Il n'a pas été incarcéré mais devra porter un bracelet électronique à domicile.
Rachid Zeroual et Christophe Bourguignon, respectivement leader des South Winners et président des Ultras, deux autres clubs de supporters, ont écopé de neuf mois de prison, dont cinq avec sursis, conformément aux réquisitions du parquet. « Je suis la bête noire, ils essayent de nous faire baisser les bras, mais je n'ai rien à me reprocher, je ne suis pas rentré dans la Commanderie », s'est énervé à l'issue de l'audience M. Zeroual, aidé de béquilles en raison d'une maladie.
La dernière peine, dix mois avec sursis, à été prononcée à l'encontre du secrétaire chargé de la communication des Winners, filmé avec des gestes véhéments par les caméras installées aux abords du centre d'entraînement du club. Le procureur de la république, André Ribes, avait requis la même peine pour le "capo" des MTP, mais ce dernier, qui a reconnu devant le tribunal correctionnel avoir « fait l’idiot », a finalement été relaxé, tout comme le sixième supporter sur le banc des prévenus.
Le 30 janvier, quelque 300 supporters, échauffés par une succession de résultats sportifs décevants, s'étaient massés devant les grilles de la Commanderie, notamment pour demander le départ du président du club, Jacques-Henri Eyraud, évincé depuis. Des pétards, feux d'artifice et fumigènes avaient été lancés dans l'enceinte et une partie des supporters avaient pénétré dans le centre, jusqu'aux vestiaires. Des vitres avaient été brisées et des voitures avaient été dégradées, a rappelé la présidente. « Les actes de violence pour faire passer ses idées ce n'est pas possible », avait tancé le procureur: « Si la porte est fermée, vous restez dehors », avait-il insisté dans son réquisitoire.
Lors des débats, Rachid Zeroual s'est défendu de vouloir faire de son groupe de supporters « un gang ». Déjà condamné il y a 11 ans pour "violences aggravées en réunion", M. Zeroual a nié avoir attisé la colère des supporters, assurant au contraire avoir « insisté » lors d'une réunion « pour que ça se passe pacifiquement ». Le quinquagénaire a évoqué un "effet Covid" et l'interdiction des supporters dans les stades pour raison sanitaire comme explication aux violences et fustigé « la fermeture des grilles » du centre d'entraînement: « Tout a été organisé pour que ça déborde », a-t-il dénoncé, assurant que les responsables du club étaient au courant de la venue des supporters, ce qu'a confirmé l'avocat de l'OM Olivier Grimaldi.
Christophe Bourguignon, le président des Ultras, qui a reconnu être présent devant la Commanderie mais a nié avoir pénétré à l'intérieur, avait tenté de minimiser son rôle. Président ? « C'est juste sur le papier », avait lancé l'homme de 49 ans, qui s'est fait tatouer "Ultra" dans le cou. « La Commanderie ne leur appartient pas », avait fustigé Me Grimaldi: « L'OM ne peut pas vivre sans ses supporters, mais l'OM n'a pas la capacité de choisir ses supporters. Nous sommes à Marseille, nous avons les supporters que nous avons », a-t-il regretté.
Le 24 février, onze premiers supporters arrêtés au moment des faits avaient été condamnés à six mois de prison avec sursis, et un douzième, déjà connu de la justice pour des vols, à trois mois ferme. Deux relaxes avaient également été prononcées.
Rédaction avec AFP