Toujours mis en examen dans l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena, Karim Benzema a néanmoins vu sa situation s’améliorer ce vendredi avec la levée de son contrôle judiciaire, qui lui permet, sur un plan légal, de retrouver l’équipe de France en compagnie du joueur lyonnais s’il était appelé.
Pour le moment, la question ne pose pas puisque l’attaquant madrilène est blessé, et est surtout également « non sélectionnable » depuis la décision prise par Noël Le Graët en décembre dernier. Si la FFF décide d’attendre un éventuel non-lieu ou bien le procès de cette affaire, cela pourrait l’emmener au-delà de l’Euro 2016. Mais dans ce dossier, la position de Didier Deschamps est on ne peut plus claire. Le sélectionneur national veut Karim Benzema à sa disposition pour l’Euro, et a bien fait comprendre que la compétitivité des Bleus passait avant tout. Pour le champion du monde 1998, interrogé très longuement par L’Equipe à ce sujet, il faut tout de même rappeler les vraies proportions de l’affaire, et pas celle prise dans les médias ou auprès de l’opinion publique.
« J’ai un principe : quel que soit le joueur, je le défends. Je l’ai déjà dit : Karim a fait une erreur. Après, ce n’est pas à moi de juger si c’est moins grave, plus grave, extrêmement grave. Cette affaire a été ultra-médiatisée, certainement trop. Elle a été relayée à charge, certainement aussi. La justice rendra son verdict. La position de MMe la juge est claire : elle estime que c’est une affaire privée entre deux individus. Je n’ai pas l’impression que le traitement médiatique corresponde à ses convictions. Cette affaire concerne deux joueurs qui ont été importants pour l’équipe. On va dire que je passe mon temps à défendre Karim. Mais il y a une présomption d’innocence », a expliqué Didier Deschamps, qui a ensuite été interrogé sur les écoutes téléphoniques, assez impitoyables envers Karim Benzema, où il parle en mal de Valbuena, et où il reconnaît ne pas avoir vu la vidéo, et donc avoir menti à son coéquipier. Pour Deschamps, ce n’est pas un frein à d’éventuelles retrouvailles.
« Aujourd’hui, et ce n’est pas spécifique au monde du football, ils (les jeunes) utilisent des mots que je n’aurais jamais utilisés quand j’étais joueur. Ça ne me choque pas, ça m’interpelle. Après, Karim a une image qui ne correspond pas du tout à ce qu’il est vraiment. Je ne veux pas trop développer sinon on va dire que je l’adore. Aujourd’hui, quoi que je dise, on est dans l’interprétation, avec des pour et des contre. Moi, je pense à l’intérêt de l’équipe de France. Je respecte l’opinion publique mais elle n’a aucune influence sur mes décisions. Cela me rappelle l’affaire Zahia. Je me souviens, certains responsables politiques disaient qu’ils n’avaient plus leur place en équipe de France. À l’arrivée, il y a eu un non-lieu. Il s’était passé quelque chose, ç’avait pris de l’ampleur parce que se sont des footballeurs, ils sont internationaux, ils ont de l’argent », a souligné l’entraineur de l’équipe de France, qui estime qu’on en fait beaucoup trop sur cette affaire, et que la France aurait beaucoup de mal à se passer de l'attaquant madrilène à l'Euro.
« Vous n’êtes pas attaquant du Real pendant cinq ans, avec Mourinho, Ancelotti, Benitez ou Zidane, comme ça. Tous les pays nous l’envient. Quand j’entends que sa Coupe du monde n’est pas réussie, parce qu’on l’attendait sur le match contre l’Allemagne… Ce n’est pas parce qu’il n’a pas marqué que je ne l’ai pas trouvé bon. Il ne faut pas attendre qu’il marque à chaque fois. Il va continuer à marquer mais ce n’est pas LE buteur. Mais Cristiano Ronaldo est meilleur au Real Madrid qu’avec le Portugal. Pareil pour Messi avec le Barça et l’Argentine », a conclu un Didier Deschamps passé en mode offensif depuis la levée du contrôle judiciaire de Karim Benzema.