Un joueur de l’Equipe de France et probablement l'un des moins mauvais tricolore du Mondial a accepté de s’exprimer presque clairement. Loin de la langue de bois d’Evra ou Abidal, Florent Malouda donne sa lecture des faits qui vaut ce qu'elle vaut.
Le joueur de Chelsea est finalement le premier à vider son sac. L’air de rien Florent Malouda raconte, lors d’une interview accordée à l’Equipe Mag, les coulisses de l’Equipe de France et le fonctionnement de Raymond Domenech. « En équipe de France, je venais pour jouer où l'on me disait et c'est tout. [...] On n'essayait même pas d'aller voir le coach pour lui parler tactique, système de jeu, 4-3-3 ou 4-2-3-1... C'était : "Tu te mets là et tu fais pas d'histoires." On ne cherchait pas d'explications. [...]À aucun moment, ces dernières années, ma parole n'a pesé face au sélectionneur. J'ai eu l'impression de ramer à contre-courant », explique le joueur de Chelsea, qui avait été étrillé par la presse et le public après l'Euro 2008. A l'époque, tout le monde estimait que Malouda était le chouchou de Domenech...
Selon Florent Malouda, en équipe de France, tout allait trop mal pour que les joueurs s'en sortent, alors qu'en club ils sont protégés. « Les joueurs qui évoluent à Chelsea, Barcelone, Arsenal, Munich ou Lyon ont besoin d'un contexte de haut niveau pour s'épanouir [...] Je vivais mal la différence entre le fonctionnement de la sélection et celui d'un grand club comme Chelsea. À chaque convocation avec les Bleus, je replongeais dans les histoires négatives, les mauvaises vibrations... On nous disait trop payés, maintenant nous sommes des caïds, carrément. Nous arrivions en équipe de France pour nous faire tirer dessus. Il n'existait aucune protection, on parlait de tout sauf de football. En club, ça n'existe pas. Les conditions sont remplies pour placer le joueur dans un état d'esprit sain en vue de la compétition ».
Pour toutes ces raisons, l’unique buteur tricolore du Mondial 2010, ne veut pas assumer seul le poids de l’élimination et rejette la faute sur les dirigeants. « Depuis le retour d'Afrique du Sud, comme le principal intéressé se tait, les médias guettent la réaction des joueurs en attente du grand déballage. Mais pourquoi serait-ce notre rôle? Nous sommes pris pour cible et nous risquons d'être instrumentalisés alors que nous n'étions pas décisionnaires. Il y a des dirigeants et un entraîneur qui doivent dévoiler leur analyse. Je refuse de me substituer au sélectionneur. Demandez-lui s'il est fier de son travail », a déclaré Florent Malouda.
Depuis la fin de leur séjour en Afrique du Sud, tous les acteurs de l’Equipe de France se rejettent la faute. La FFF accuse les joueurs et le sélectionneur, les joueurs accusent la Fédération et le sélectionneur qui lui-même charge la presse. Si la vérité sur ce Mondial ne sera jamais vraiment découverte, la principale tâche de Laurent Blanc sera de les aider à tourner la page.