Le site Mediapart a décidé de dévoiler une partie des échanges intervenus lors de cette fameuse réunion de la Direction Technique Nationale intervenue le 8 novembre dernier. L’occasion de donner un peu de poids à un article publié jeudi soir et qui mettait en cause la Fédération Française de Football, soupçonnée de vouloir mettre en place des quotas raciaux dans la formation. Si la totalité des acteurs du foot hexagonal a démenti cette information, les révélations de Mediapart font planer quand même une ombre guère réjouissante sur ce qui s’est dit lors de cette fameuse réunion.
C’est Erick Mombaerts qui aurait lancé le sujet de la formation . « Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité ? », a demandé le sélectionneur des Espoirs. Et c’est Laurent Blanc qui décide de lui répondre: « Moi j'y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ce problème ça me dérange beaucoup (...) A mon avis, il faut essayer de l'éradiquer. Et ça n'a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l'équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu'après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément.» « Donc il faut 30% ? Un tiers de gamins qui peuvent changer ?», s’interroge encore Erick Mombaerts. C’est cette fois François Blaquart qui intervient, mais conscient de la gravité du sujet, réclame que cette affaire ne fuite pas vers l’extérieur. « On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit », prévient le nouveau Directeur technique national. Raté !
Mediapart fait ensuite part d’un échange pour le moins acide entre Francis Smerecki, visiblement furieux de cette discussion et Laurent Blanc. « Si le mec a envie d'être international, c'est quand même normal qu'il aille vers un pays où il va pouvoir jouer. Je pense que c'est humain quand même (...) Première chose, c'est discriminatoire. Ce qui me gêne sur le fond, c'est celui qui a la possibilité d'être français-français et d'aller avec Laurent, et celui, parce qu'il n'a pas assez d'aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c'est celui-là que vous voudriez éliminer. C'est impossible », fait remarquer le responsable de l’équipe de France des moins de 20 ans. Une riposte qui lui vaudra une réponse de Laurent Blanc qui va évidemment faire beaucoup causer. « Il faut faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis pour pouvoir attirer d'autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, y aura toujours les mêmes personnes (...) Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation, dans les écoles de football,et bien il y en a beaucoup (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture (...) Les Espagnols, ils m'ont dit: "Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas" », lance le sélectionneur national.
Il est désormais évident que Fernand Duchaussoy, qui selon Mediapart n’a assisté qu’à la fin de la réunion, va devoir s’expliquer une nouvelle fois. Et il n’est pas évident que l’affaire se termine aussi facilement que certains l’avaient annoncé vendredi.