Lilian Thuram n'a jamais eu sa langue dans sa poche, même, et surtout, sur des sujets très sensibles comme le racisme, puisqu'il est membre du Haut Conseil à l'intégration et a lancé la Fondation Thuram contre le racisme. Alors, quand Karim Benzema évoque un éventuel racisme pour justifier sa non-sélection en équipe de France pour l'Euro 2016, le champion du monde 1998 sort de ses gonds.
« D’abord qu’il n’y aurait jamais eu de polémique si Karim Benzema n’avait pas été le joueur exceptionnel qu’il est. On mesure le poids incroyable du football tant cette histoire a fait du bruit. On débat, on politise. Mais cette polémique n’a pas lieu d’être. Karim Benzema est responsable de sa non-sélection. Parce qu’il est mis en examen et soupçonné de ne pas avoir été loyal avec un de ses coéquipiers. Prétendre que le racisme aurait motivé sa non-sélection est dangereux. Ce discours rend illégitimes les vraies situations de racisme. Et on oublie l’essentiel : quelle place donnons-nous à la morale? Par ailleurs, le timing de la sortie de Benzema à quelques jours de l’Euro indique qu’il n’a pas le souci de protéger l’équipe de France. Dans les grands clubs, les joueurs ne font pas ça, ils respectent l’institution qui les paie. En équipe de France, ça n’a pas toujours été le cas, jusqu’à ces dernières semaines. On a parfois trop tendance à excuser les grands joueurs, notamment parce qu’ils ont une valeur marchande », explique, dans le Journal du Dimanche, Lilian Thuram, visiblement dépité de la sortie médiatique de Karim Benzema.