Le doyen Noël Le Graët, président en poste depuis 2011, brigue un nouveau mandat de quatre ans à la tête de la Fédération française de football (FFF), samedi, face au remuant Frédéric Thiriez et au plus discret Michel Moulin.
Plus de 200 délégués, majoritairement issus du monde amateur, vont prendre part au vote secret d'une assemblée fédérale organisée en visio-conférence, crise sanitaire oblige, pour désigner ou réélire le patron du foot français. Le résultat de l'élection, à deux tours si aucun candidat n'atteint la majorité au premier, est attendu entre 12h00 et 13h00. Le vainqueur tiendra une conférence de presse depuis le siège de la FFF, entouré de ses colistiers. A 79 ans, Le Graët cache à peine son optimisme à l'issue d'une campagne où il s'est contenté de défendre son bilan, qu'il juge "sérieux dans une période très difficile", face aux tirs nourris de son rival historique Thiriez. Interrogé par l'AFP sur ses chances de réélection, "NLG" a préféré manier l'ironie au moment de livrer un pronostic: « Moulin premier, Thiriez deuxième... Je dois être pas très loin derrière ».
Stratégies opposées
L'entrepreneur breton, remis d'une leucémie lymphoïde annoncée avant le Mondial-2018 remporté par les Bleus, peut s'appuyer sur la bonne forme des sélections nationales, des finances dorées bien qu'abimées par la crise, et une liste d’expérience. L'ancien maire de Guingamp et ex-président de l'En Avant (1972-1991 et 2002-2011) compte sur Jean-Michel Aulas et Marc Keller, présidents de Lyon et Strasbourg, et sur la directrice générale du FC Metz Hélène Schrub pour rafler les voix des clubs professionnels.
Il s'est aussi offert une prise de guerre en attirant le président de la Ligue Paris Île-de-France, Jamel Sandjak, autrefois sur des listes concurrentes. Dans sa communication, Le Graët a choisi de tracer sa route sans répondre « à aucune attaque » ni « critiquer » ses adversaires: « J'ai donné des instructions à toute mon équipe pour leur dire de ramasser leurs tweets et mettre en avant notre programme », disait-il lundi à l'AFP.
A l'inverse, Thiriez (68 ans) a lui choisi l'offensive pour déboulonner l'actuel président de la FFF, coupable à ses yeux d'abandonner un football amateur « asphyxié » financièrement et en proie au « découragement des bénévoles ». L'ancien président de la Ligue de football professionnel (2002-2016) a multiplié les promesses -- doublement du nombre de licenciés en dix ans, création d'un Parlement du football, soutien à la sélection corse pour être reconnue par la Fifa, etc. -- et attaqué fort sur le supposé sexisme de Le Graët.
« Le foot en a marre »
« Cet homme ne maîtrise plus son langage », a commenté le juriste à la célèbre moustache, s'étonnant du manque de réaction politique. « Intouchable, Le Graët? Ce ne sont pas les politiques qui votent le 13 mars, c'est le football. Et le football en a marre », répond Thiriez à l’AFP. Pour remporter la bataille, l'avocat s'est entouré des anciens internationaux Basile Boli et Jean-Pierre Papin, ainsi que du chef d'entreprise et ex-dirigeant du Toulouse FC Olivier Sadran. Mais sa campagne a été ternie par un couac quand des personnalités comme Tony Parker et Jo-Wilfried Tsonga ont démenti faire partie de sa liste de soutiens.
De son côté, Moulin (60 ans) a bâti une liste éclectique avec des présidents de clubs amateurs et des personnalités comme l'ancien judoka et ministre David Douillet, l'ex-patron de la DCRI Bernard Squarcini et la journaliste Christine Kelly. Le fondateur de ParuVendu et du 10 Sport, conseiller de clubs actuellement engagé auprès du club de Blois (National 2), a multiplié les déplacements comme ses concurrents à l'élection, sans bénéficier du même écho médiatique. La décision finale reviendra quoi qu'il arrive aux 218 votants issus des 22 ligues, des 91 districts et des clubs ayant le statut professionnel (L1, L2 et 5 clubs de National). Selon les chiffres de la FFF, le monde amateur représente 63% de suffrages totaux. La clé du vote se trouve ici.
Rédaction (avec AFP)