Vendredi soir, l'US Granville va à nouveau revêtir son habit de lumière en Coupe de France, avec la réception de l’OM.
C’est la deuxième fois en quatre ans que le club de la Manche a cet honneur et son entraineur Johan Gallon ne s’en lasse absolument pas. Dans cet entretien pour Foot01, il aborde ce rendez-vous qui fait vibrer toute la région, et remplira jusqu’à la gorge le stade Michel D’Ornano. Avec l’envie de réaliser un nouvel exploit, ce dont l'US Granville à l’habitude en Coupe de France.
Foot01 : Une question que doivent se poser beaucoup de techniciens ou de suiveurs de la Coupe de France, quelle est donc la recette pour avoir une telle régularité : atteindre ou dépasser les 32e de finale quasiment chaque année, ce qu’aucun club amateur n’a fait comme Granville ces dernières années ?
Johan Gallon : Est-ce qu’il y a une recette miracle, je ne sais pas. C’est un objectif du président qui est d’atteindre les 32e de finale chaque année. Je pense que ce que l’on a vécu il y a quatre ans a suscité tellement d’engouement populaire qu’on a envie que cela se reproduise chaque année. Il y a peut-être aussi ma façon de coacher, d’emmener les joueurs à respecter cette compétition, tous les adversaires, du premier au dernier. Il y a beaucoup d’investissement mental et physique dans cette compétition. Mais en tout cas, ça ne peut pas être la recette du hasard. Le hasard, c’est une fois, comme beaucoup de clubs. Quand vous y êtes plusieurs fois comme nous, c’est du travail, de l’investissement et une mentalité bien à part.
En tant que technicien, est-ce qu’il plus facile de préparer un match contre l’OM? Au niveau des infos sur les adversaires, de la vidéo, c’est forcément plus intéressant de se pencher sur l’OM que sur Vitré, le dernier adversaire en championnat par exemple ?
On a la chance d’avoir des outils qui nous permettent de bien préparer ces matchs. Par rapport au championnat, c’est une pression puissance 100. Depuis le tirage au sort, on a l’impression que le club est dans une machine à laver en mode essorage. C’est forcément différent du quotidien. Il faut avoir une réflexion pour emmener les joueurs et le club à approcher cet évènement sereinement, pour emmener tout le monde avec soi. Et faire en sorte que l’on soit dans le meilleur investissement mental possible pour préparer le match.
Qu’est ce que cela demande en plus pour être prêt pour un tel match ?
C’est un match qu’on préparera aux petits oignons. On commence à avoir de l’expérience à ce niveau-là depuis cinq ans et c’est vraiment incroyable de préparer un match comme ça. On tombe dans le très haut niveau, et c’est ce qui m’attire. Je suis dans un élément qui me correspond parfaitement.
L’OM vient de réaliser une première partie de saison de grande qualité, et se trouve deuxième du championnat. Est-ce qu’il s’agit tout simplement de la deuxième meilleure équipe de France derrière le PSG que vous allez affronter à Caen ?
Je ne sais pas si c’est la deuxième meilleure équipe de France derrière le PSG, mais ce qui est sûr, c’est que si on joue un OM comme c’est le cas depuis le début de la saison, avec son intensité, son nouveau coach, sa manière d’amener les joueurs et de les investir, ça s’annonce compliqué. Si c’est l’OM de Trélissac, ça nous laisse une petite chance. Mais peu importe quel OM et quel joueur on aura en face de nous. Il faut respecter l’OM, son prestige et tout ce que cela représente. Mais à 11 contre 11 vendredi à 21h00 et avec tout le respect qu’on a pour cette équipe, on n’a qu’une envie, c’est de réaliser l’exploit. Personnellement, on n’a aucune crainte. On ne craint rien. Il n’y a que l’OM qui peut avoir peur de perdre contre nous. Nous, si on perd ce match, il ne se passera rien, la fête sera déjà belle. On ne peut faire qu’un exploit.
Et au niveau du groupe, tout le monde a vu les images des joueurs heureux d’affronter un adversaire de la taille de l’OM. Cela a fait un peu de bruit…
Le tirage au sort, c’est surtout une fête. Il y a les médias qui nous suivent, et on a joué un peu le jeu en profitant du moment. C’est sympa. Même si on arrive souvent à ce niveau, je voulais qu’on regarde le tirage au sort tous ensemble car cela reste un exploit d’arriver à ce niveau. Et donc on l’a vécu ensemble et on a tiré le Graal. Qu’est ce que vous voulez de mieux quand vous tirez l’OM, à part le PSG? Après, on se dit tout de suite que ça va être la fête du football manchot et bas-normand, qu’on va avoir des supporters qui viennent de partout. On va avoir un stade D’Ornano à guichets fermés.
Qu’est ce que cela représente pour vous d’arriver à emmener un club de la région tellement loin et tellement haut, qu’il faut aller à Caen pour satisfaire toutes les demandes ?
Quand je suis arrivé à D’Ornano contre l’OM il y a quatre ans je me suis dit que c’était peut-être la dernière fois dans ce stade. Et quatre ans après, on est toujours là. J’ai une part de mon rêve atteinte, l’autre c’était de jouer Caen. Nos parcours de ces dernières années nous permettent de viser plus haut dans des stades plus grands. On attire plus de 20.000 personnes, mais vu les demandes, si c’était 30, 35 ou 40.000 places, le stade serait plein aussi. C’est quelque chose d’incroyable de voir des gens faire la queue dès 06h00 du matin, d’autres qui ont dormi dans leur voiture sur le parking, pour avoir des places. Pour moi, entraineur de l’US Granville, au fin fond de la Manche, ça veut dire qu’on est capable de faire des choses incroyables.
Quel souvenir gardez-vous du match face à l’OM en 2016 ? Une défaite 1-0, un grand match du gardien de Granville à l’époque, y avait-il réellement possibilité de faire mieux ?
Ce match-là, je n’ai pas de regrets. On perd 1-0, mais si on perd 3-0 il n’y a rien à dire tellement l’adversaire était au-dessus de nous. La magie de la Coupe de France a permis de durer, de leur faire un peu peur et a permis au public d’être dans l’ambiance jusqu’à la fin du match. La fête populaire qu’il va y avoir vendredi, c’est quelque chose que certains joueurs n’ont jamais vécu de leur vie. Je vais leur dire ça. Dès fois, vous ne finissez pas votre assiette parce que vous faites celui qui n’a plus trop faim, mais là il faut manger jusqu’à la dernière miette. Jusqu’à vendredi 23h00 voire plus, il faut tout manger, profiter et ne rien regretter. Dans le match, car tout va passer très vite. Et pour certains, ce sont des choses qui n’arriveront qu’une fois dans leur vie. Je veux qu’ils s’en rappellent encore quand ils auront 60-70 ans. Et moi je me rappellerai toute ma vie avec qui j’ai fait ça. Et ça pour un coach d’un club amateur, c’est incroyable. Je pense que peu de coachs vivent ce que l’on vit depuis sept ans avec Granville en Coupe de France. Qu’est ce qu’on peut faire de mieux que ce que l’on fait avec l’USG ? J’espère en tout cas qu’on sera toujours là vendredi à 23h00. J’y crois. On a une petite chance, on va la saisir à fond, et quel bonheur ce serait de pouvoir battre l’OM.