La semaine passée, Eric Cantona avait allumé une première fois Didier Deschamps sur le thème du racisme. Malgré l'annonce du sélectionneur national d'attaquer l'ancien joueur de Man Utd, ce dernier frappe encore plus fort ce mercredi soir.
Qu'on se le dise, ce ne sont pas les menaces d'un procès qui feront taire Eric Cantona. Même si Didier Deschamps a d'ores et déjà fait savoir par son avocat qu'il allait entamer une procédure contre King Eric, l'ancien mancunien en remet une couche plus forte sur le coach de l'équipe de France, qui en prend encore pour son grade, tout comme la Fédération Française de Football. Dans une longue interview accordée à Libération, Eric Cantona y va de bon coeur.
« J’ai lu et entendu que j’étais anti-français parce que j’ai plaisanté sur le fait que Deschamps a un nom français pouvant venir de plusieurs générations. Mais Karim Benzema, c’est un nom français aussi. A consonance maghrébine, oui, et vous conviendrez avec moi que ça ne change rien au fait qu’il soit français. Hatem Ben Arfa, que j’ai défendu dans le Guardian, c’est un nom français également. Mais alors, pourquoi ne dit-on nulle part que je suis pro-français ? Par définition, les Français d’origine maghrébine ont un nom français. Donc, Deschamps, Benzema et Ben Arfa ont des noms français, les origines des deux derniers ne devant en aucun cas les desservir dans un contexte politico-social particulier. J’attaquerai en justice tous ceux qui ont tenus des propos mensongers et insultants à mon égard. (…) Vous croyez que Deschamps peut dire autre chose que «j’ai suivi des nécessités sportives, etc.» ? J’ai quand même le droit de me poser des questions. Tenez, il paraît qu’il va m’attaquer en justice. C’est bien la première fois qu’il passera d’une position défensive à une position offensive, il verra si c’est si facile…Avec son agent et son avocat, ils ne seront pas trop de trois pour réfléchir et distinguer ce qui relève de la diffamation du fait de mettre le problème sur la place publique. Ça n’a rien à voir, mais puisqu’on parle de son agent, je tiens à dire que ce même agent s’occupe aussi des intérêts de certains joueurs. Vous trouvez ça normal ? Quand on dirige une fédération, on écarte tout soupçon, me semble-t-il, balance dans un premier temps Eric Cantona, qui estime ensuite que la FFF l’utilise pour faire oublier ses propres turpitudes. Ils se sont servis de moi pour effacer l’ardoise et cette ardoise, c’est l’affaire des quotas. Ça leur permet d’éloigner ce souvenir dans l’esprit des gens. Des joueurs d’origine maghrébine, il y en a, là on parle terrain, c’est le plus souvent objectif. En dehors, en revanche, c’est subjectif : les dirigeants d’origine maghrébine ou d’Afrique noire, ils sont où ? Et les entraîneurs de Ligue 1 d’origine maghrébine ? Alors que ce sont eux qui forment les gamins ! Ils sont assez forts et compétents pour s’occuper des jeunes joueurs, et ils ne le sont plus quand ces mêmes joueurs passent professionnels ? »